Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Yuksek à malices – Nouveau petit prince de l’électro française, Yuksek sort son premier album. Et choisit le côté pop de la force.

« Away From The Sea »

Distribué par Universal.

On peut ergoter à l’infini à propos de la scène électronique française: ses qualités autant que ses errements, sa superficialité autant que sa diversité. Pourtant, il y a au moins une chose qu’on ne lui contestera pas: son extraordinaire vivacité. Depuis Daft Punk surtout (1997 tout de même), elle n’a que peu quitté les pistes de danse mondiales. Yuksek confirme: « Ce n’est pas du vol. Le premier album de Daft Punk est difficilement critiquable. On peut ne pas l’aimer, mais c’est un disque important. Ceux de Air, c’est du vrai bon. Phoenix aussi. Si on m’inscrit de près ou de loin dans cette famille, cela ne peut qu’être une fierté. » C’est plutôt bien parti.

Connu pour ses prestations en tant que DJ, Yuksek – Pierre-Alexandre Busson de son vrai nom (Reims, 1977) – s’est rapidement fait un nom grâce à ses remix (pour des artistes aussi divers que Kaiser Chiefs, Booba, Shitdisco…), et à son boulot de production (pour le dernier Birdy Nam Nam, lire ci-contre). Une vie le nez dans les machines pour celui qui a pourtant bénéficié d’une formation musicale classique. « Ce qui me plaît dans la production électro, c’est la liberté totale. Par exemple sur le disque, il y a de la vrai batterie, d’autres enregistrées,… Je suis collectionneur de vieux synthés: si j’ai envie d’utiliser un vieux moog de 1970, je peux le faire. Je peux ajouter un sample, jouer avec un vocoder… Les façons de produire sont infinies. »

Un tremplin

Conclusion logique, voici que déboule le premier album du Rémois, Away From The Sea. Il commence avec Break Ya sous influence Justice, et se poursuit par le tube Tonight, qui doit énormément à Daft Punk. Ou quand la French Touch est autant un tremplin qu’un poids à porter… En fait, calibré sur les sons actuels, le disque surprend d’abord et avant tout par son côté effrontément… pop. « Cela reste ce que j’écoute le plus. Avec l’indie rock, le rap, et la musique électronique évidemment. Mais pas forcément la techno 4/4, minimale, qui se délaie sur les 10 minutes, et qui n’a jamais été vraiment mon truc. » La plupart des morceaux ne dépassent donc pas les trois minutes trente et seul I Could Never Be A Dancer se rapproche de ce qu’on pourrait appeler un instrumental. « Au delà de l’éventuel message, j’aime la voix comme instrument, comme texture. Même dans mes sets DJ, je passe pas mal de morceaux avec des vocaux dessus. Quasi un morceau sur deux. Et ça marche. C’est ça qui est intéressant dans l’électro aujourd’hui, qui n’a pas cet espèce d’ostracisme pour les voix. Et puis quand on a des voix, on n’est pas dans un format dance, où la fille fait plein de pirouettes: il y a un truc spécial, ce mélange d’énergie rock et de production électro. »

Rien de neuf sous le soleil de la French Touch donc. Il ne sera ainsi pas interdit de voir dans ce Away From The Sea des facilités. A moins qu’on ne confonde avec une volonté de simplicité. Adepte d’une ligne claire, Yuksek reste en effet d’abord et avant tout redoutablement efficace. « We don’t need your rock’n’roll », clame-t-il sur This Is Not Today. Ce n’est pas près de changer.

Laurent Hoebrechts

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