L’empereur de la Communication US a promis de nous YouTuber régulièrement. Retour sur la cérémonie de l’investiture et regard sur le présent numérique de Barack Obama.

Il y a un moment formidable de banalité humaine, juste avant que Barack Obama et sa femme n’apparaissent devant la foulitude d’Américains frigorifiés au Lincoln Memorial de Washing-ton le 20 janvier ( Obama At The Lincoln Memorial Concert, YouTube). Ils sont à deux, à peine flanqués d’un garde du corps, à l’intérieur du Mémorial, sous l’£il impavide de la statue de Lincoln. Visage cadré de profil, Barack regarde ses pieds. Il vérifie l’état blinquant de ses chaussures. Puis il frotte mécaniquement la manche gauche de sa veste. Michelle, pas convaincue, applique son propre balayage. Poignée de femme ferme. Le futur couple présidentiel de la première puissance mondiale a des soucis d’électricité statique sur les vêtements. Comme tout le monde. Le reste appartient à l’histoire en mondovision mais l’observateur ne peut manquer d’observer la tenue des artistes venus communier en musique. Davantage que par Beyoncé habillée en James Bond Girl hivernale, on reste bluffé par Aretha Franklin, au chapeau aussi spectaculaire que sa silhouette visiblement confortée par des décades de beurre de cacahouète. Le bibi de Franklin est tellement stupéfiant – une sorte de papillon cryogénisé dans le tissu pour l’éternité – que le Smithsonian Museum de Washington DC, peu enclin au olé-olé, a demandé que le chapeau lui soit donné pour que les générations futures soient témoins de l’événement aussi. No joke.

No sunshine anymore

Et si la musique des présidents était la métaphore de leur conduite pendant quatre ans? Bill Clinton a tâté du saxophone et failli tomber pour un autre rapport de bouche nommé Monica. Reagan adorait les Beach Boys et a surfé sous des balles mal intentionnées. Le country-rock de George Jones garnit l’iPod de George W. Bush qui a joué le cowboy en Irak où les vaches, pourtant, ne sont toujours pas bien gardées. Quant à Obama, tout le monde sait qu’il a le groove man, non? Dans la première de ses communications hebdomadaires d’environ cinq minutes – sur YouTube et le site de la Maison Blanche -, il lâche un déluge de chiffres pessimistes et annonce que  » l’économie américaine pourrait perdre un billion de dollars (…) ». Barack ne vend pas du soleil, c’est sûr. Juste un plan de réinvestissement. La seconde communication, datée du 31 janvier, expose la même douche froide. Pas de doute, Obama ne caresse pas l’électeur, il le confronte, brutalement, avec la réalité déconfite de 2009. « Cela prendra des années », explique-t-il, cadré plus serré. Là, on se dit qu’on reprendrait bien une dose de Beyoncé ou d’Aretha Franklin, mais le temps du groove de l’inauguration est terminé. Barack Obama a le talent d’exposer la réalité, espérons qu’il parviendra aussi à la faire danser à sa mesure.

u www.whitehouse.gov

de Philippe Cornet

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