Wunderland

Du Moyen-Orient au Japon, l’énigmatique Suédois Sven Wunder remet le jazz en couleurs.

Les musiciens suédois aiment jouer la carte du mystère. Avancer cachés, entretenir le flou, se fabriquer un mythe… Aussi rares en concerts qu’en interviews, Karin Dreijer Andersson et son frère Olof ont fabriqué l’univers de The Knife planqués derrière des masques vénitiens et une esthétique léchée. Dissimulé derrière des accoutrements carnavalesques, Goat, collectif afro-psychédélique, s’inventait des histoires d’esprits, de tradition vaudou et de guérisseur.

Malgré la longue, l’immense langue du Web, toujours prête à trahir les secrets, même les mieux gardés, Sven Wunder reste pour le moment une énigme. Google mène à un économiste d’une soixantaine d’années rattaché au Centre international de recherche pour la forêt. Pas convaincu qu’on parle du même… Notre Sven Wunder à nous, barbe rousse et pas beaucoup de poils sur le caillou, a sorti un premier album l’an dernier, Dogu Cicekleri, réédité il y a quelques semaines avec un titre désomais anglais ( Eastern Flowers) et enchaîne déjà avec Wabi Sabi. À nouveau sur le label Piano Piano, dont il semble rester jusqu’ici la seule et unique signature.

Wunderland

Peu de choses sont connues à son sujet mais la musique du bonhomme laisse entendre un tempérament de bourlingueur. À tout le moins une indéniable curiosité de l’ailleurs. Première étape de son périple, Dogu Cicekleri l’emmène sur les rives orientales de la Méditerranée et bouillonne dans le bassin Levantin, avec Tulip, Magnolia, ou encore Hyacinth et ses sonorités surf. Mêlant instruments traditionnels et outils modernes, Wunder y dépeint la flore dans un jazz psychédélique et groovy qui mêle le rock anatolien au funk occidental. Dépaysement garanti, fourmis dans les jambes assurées. CQFD. Sven est un cousin scandinave instrumental d’Altin Gün.

Wunderland

Bassin aux nymphéas

Sens de la surprise, art du contre-pied. Avec Wabi Sabi, expédition au pays du Soleil-Levant cette fois, Wunder a voulu mêler les sons de la flûte, du Moog, du Wurlitzer à l’esthétique Ukiyo-e. Ce mouvement artistique japonais (traduisez par « peinture du monde qui passe » ou « image du monde flottant « ) désigne un mouvement pictural d’estampes dépeignant la vie de tous les jours. Un courant privilégiant les sujets légers et les paysages. En questionnant le japonisme (l’influence des oeuvres japonaises sur l’Occident dans la seconde moitié du XIXe siècle), Sven entend reconnecter à la nature et se concentrer sur les asymétries. Il évoque le Bassin aux nymphéas de Monet avec son pont japonais dans le jardin de Giverny et mélange le jazz rock au Min’yo, le chant des pêcheurs, des sumos et des charbonniers. Sans savoir où vous pourrez vous déplacer cet été, ces deux disques ne manqueront pas de vous faire voyager…

Sven Wunder

« Eastern Flowers »

Distribué par Piano Piano.

8

« Wabi Sabi »

Distribué par Piano Piano.

7

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