Werner Herzog, pas à pas

De Hervé Aubron, Emmanuel Burdeau. Capricci. 240 pages.

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Werner Herzog est assurément un très bon sujet. Et pas seulement par son oeuvre aussi passionnante qu’abondante, cumulant films de fiction (Aguirre, la colère de Dieu, L’Enigme de KasparHauser, Fitzcarraldo) et documentaires (Pays du silence et de l’obscurité, Grizzly Man, La Grotte des rêves perdus) sans jamais cesser d’être singulière, inclassable, habitée par un génie certain. Le cinéaste est aussi un personnage, comme l’écrivent d’emblée Hervé Aubron et Emmanuel Burdeau, co-auteurs déjà -en 2009- d’un livre d’entretien avec Herzog (1). Son personnage d’artiste-aventurier aimant se confronter aux limites, y compris physiques, et sa voix à l’accent travaillé, reconnaissable entre toutes, contribuent à une notoriété qui pousse par exemple les réalisateurs des Pingouins de Madagascar à le faire apparaître avec beaucoup d’humour dans leur film! Werner Herzog, pas à pas retrace le parcours du cinéaste dans une présentation austère (pas d’illustration) mais avec un luxe de détails dans l’analyse et l’interprétation. S’il s’égare parfois (Herzog comparé à… Hercule), il a presque tout bon dans sa vision d’un créateur constatant le ratage, l’échec, de la création première (si Dieu existe, il est alors « idiot ou malfaisant« ), qui filme les élans de l’Homme mais aussi et surtout sa chute. Est également très juste le regard sur ses rapports avec une nature qu’Herzog résumait avec une sombre éloquence dans sa voix off pour Grizzly Man (et avec l’accent!): « I believe the common denominator of the universe is not harmony, but chaos, hostility and murder. »

(1) Manuel de survie, paru lui aussi chez Capricci.

L.D.

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