RETRAÇANT LE PARCOURS DES FAB FOUR DE 1962 À 1966, RON HOWARD SIGNE UN MAÎTRE DOCUMENTAIRE PLONGEANT LE SPECTATEUR AU CoeUR DE LA BEATLEMANIA. EXALTANT…

Eight Days a Week The Touring Years

DE RON HOWARD. AVEC THE BEATLES, ELVIS COSTELLO, LARRY KANE, WHOOPI GOLDBERG. 1 H 45. SORTIE: 05/10.

8

Destiné dans un premier temps à une projection unique, Eight Days a Week, le documentaire consacré par Ron Howard aux Beatles, doit à l’enthousiasme d’un exploitant bruxellois -l’Aventure, pour ne point le nommer-, de connaître aujourd’hui une exposition prolongée. On ne boudera pas son plaisir devant cette initiative, le réalisateur de A Beautiful Mind et autre Frost/Nixon se montrant là particulièrement inspiré. La carrière des Fab Four, Howard l’envisage, pour l’essentiel, de 1962 à 1966, soit les « Touring Years » qui allaient voir John, Paul, George et Ringo enchaîner singles, albums et tournées suivant un rythme infernal, la Beatlemania emportant tout sur son passage. Et jusqu’à l’enthousiasme du groupe, d’ailleurs, ce dernier, las de se produire dans des conditions défiant l’entendement, jetant l’éponge le 29 août 1966 après un concert au Candlestick Park de San Francisco, renonçant par la suite à se produire sur scène pour se consacrer à ses enregistrements en studio.

Un tourbillon de folie

L’intérêt du documentaire de Ron Howard tient d’abord à la qualité du matériel proposé, le réalisateur ayant eu accès à quelque 100 heures d’archives, rares ou inédites pour certaines. À quoi sont venues se greffer des interviews de Paul McCartney et Ringo Starr, bien sûr, mais aussi de témoins de première main, comme le journaliste Larry Kane, embarqué sur la première tournée américaine des Beatles en 1964. Si le nerf du film reste la musique, euphorisante, et les prestations live, le collage des différentes sources prend idéalement, faisant du spectateur un « insider » plongé en plein Beatleland, « ce pays autrefois connu sous le nom de Grande-Bretagne », comme l’observe un journaliste anglais en 1963, et dont le territoire s’étendra bientôt aux USA, et puis au monde.

Soit une histoire globalement connue, mais sur laquelle le film appose un point de vue singulier, inscrivant, anecdotes à l’appui, des Beatles aussi spirituels que soudés dans les remous de l’époque, lesquels refuseront par exemple, de jouer à Jacksonville, en Floride, en 1964, si la salle ne renonçait pas à sa politique ségrégationniste, et l’on en passe… Restituant comme rarement aussi la « Beatlemania », tourbillon de folie sans équivalent dont le film A Hard Day’s Night donnait un avant-goût, et qui trouve ici une expression définitive, revers et descente compris. Proposé en bonus remasterisé, le concert du Shea Stadium à New York, le 15 août 1965, s’il fut loin d’atteindre des sommets musicaux (on frôle la cata sur Act Naturally, chanté par Ringo qui n’entendait pas les autres, se repérant à leurs mouvements) reste à cet égard le témoignage ahurissant de la frénésie qui accompagnait chaque apparition des Fab Four à l’époque. Mieux qu’une tranche d’histoire (de la musique), la (dé)mesure d’un phénomène de société, et un film résolument exaltant.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content