Waterproof – Main basse sur l’eau

© MAGNÉTO PRESSE

Vague de chaleur sur le monde. L’Europe suffoque. Trente-neuf degrés à Londres en juillet… Cet été, la Terre a vécu sa période la plus chaude depuis 2 000 ans. Première victime de l’urgence climatique (la pollution, la pression démographique et l’extension des surfaces agricoles font le reste), l’eau est en train de devenir la ressource la plus convoitée de la planète. Les Nations unies estiment que la demande d’eau va croître de 50% d’ici 2030 et que 40% de la population mondiale souffrira de pénuries. Il faut dire qu’on en a besoin pour tout. Boire, manger, fabriquer nos vêtements, nos téléphones… C’était la dernière ressource naturelle à échapper aux affres du commerce. L’or bleu fait désormais l’objet des pires spéculations.

On est au début de la révolution de l’eau, quand la mobilisation citoyenne s’oppose à la pression financière. Le documentaire riche, passionnant et solidement ficelé de Jérôme Fritel raconte la privatisation du secteur de l’eau en Angleterre, les gens incapables de payer leurs factures, le pillage organisé, le fric qui s’envole en dividendes et évasion fiscale… Il se promène aussi en Australie, pays-continent à la pointe du cauchemar climatique. « Aujourd’hui, ça me coûterait 300 000 euros par an de nourrir mes vaches », dit un agriculteur qui raconte ses insurmontables difficultés. À vos citernes: l’eau va devenir de plus en plus rare et chère.

De Goldman Sachs à HSBC, d’UBS à Allianz, de la Deutsche Bank à la BNP, les banques et les fonds de placement ont investi et spéculent dans le secteur. Étonnamment avec le soutien d’ONG écologistes qui y voient un moyen de protéger l’environnement et de faire prendre conscience de sa valeur.

Le temps de l’eau naturellement disponible, potable et gratuite est révolu, certes, mais la loi de l’offre et de la demande inquiète quand on parle d’une ressource aussi précieuse et indispensable à nos existences. Aux États-Unis et en Angleterre, des études prévoient l’émergence de water poors, comprenez de personnes en précarité hydrique. Si le commerce de l’eau est devenu le nouvel eldorado, et si la richesse et le profit priment pour certains sur une nécessité de la vie humaine, pour d’autres, elle doit être considérée comme un droit universel et échapper à toute logique de marché.

Vous croiserez ici des gens au cynisme hallucinant. Des gens pour qui sécheresse est synonyme de bonnes affaires ( « Ce n’est pas parce que l’eau est la vie qu’elle ne doit pas avoir de prix »). Mais aussi des hommes de la campagne, victimes des marchés, qui revendent leurs fermes. Alarmant.

Documentaire de Jérôme Fritel.

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