Vision of the Owl

© © KOEN VANMECHELEN
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Koen Vanmechelen, Galerie Valérie Bach, 15 rue Veydt, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 04/11.

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La nouvelle exposition de Koen Vanmechelen constitue un excellent contrepoint à Sculpting Belgium, événement contigu se déroulant à La Patinoire Royale et qui retrace 30 années de sculpture belge. Aux contours patrimoniaux et figés du second répondent les formes et les équilibres précaires du premier. D’un côté, la loi des pères, laboureurs jalousement accrochés à leur testament sur leur lit de mort. De l’autre, le fils prodigue dont le travail « en train de se faire » n’a pas encore été suffisamment sédimenté dans l’oeil de tiers autorisés pour emporter l’adhésion des anciens. C’est du moins ce que l’on constate sur place, à l’ouverture du Brussels Gallery Weekend, où les visiteurs venus pour Tapta et autre Pol Bury se montrent hermétiques, pour ne pas dire réticents, à Vision of the Owl. Cela a beau ne rien avoir de surprenant, on ne peut que regretter cette mécompréhension d’une oeuvre ayant à coeur de faire circuler le vivant. On connaît les travaux de Vanmechelen à partir de 18 races de poules croisées (certains l’ont d’ailleurs ironiquement surnommé « KoeKoen de Malines ») dont la finalité est de réintroduire de la diversité dans un monde uniforme. À ce titre, il est intéressant de constater que les volatiles nés de mélanges affichent un taux de fertilité trois fois plus important que les individus en provenance d’élevages classiques. Si l’on retrouve les concepts de diversité et d’hybridité dans le nouveau show du Trudonnaire, ces thématiques revêtent une tonalité d’incertitude. Avec un sabre en acier, auquel est enlacé un serpent, suspendu au-dessus d’un oeuf, Vanmechelen restitue avec beaucoup d’acuité l’étrange climat du monde actuel. Dégainant des métaphores empruntées au monde animal, il remue des schèmes profondément ancrés en nous. Ces archaïsmes toujours à l’oeuvre culminent dans un manteau chamanique en plumes de poulet à l’intérieur duquel se loge une chouette taxidermée. Le regard perçant de l’animal surgi de la nuit noire du vêtement cristallise toute l’angoisse d’une espèce, la nôtre, attendue au tournant.

www.galerievaleriebach.com

MICHEL VERLINDEN

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