Villebasse

« Nasse de bois et de pierres sur une terre ferme au fond d’une vallée fertile », Villebasse pourrait difficilement être décrite autrement que comme un petit bled, ayant « grandi machinalement dans le sud-ouest de la France sur un ancien oppidum grâce à un faisceau de voies romaines, de forêts et de cours d’eau ». Difficile de présenter aussi précisément, dans une parodie de leçon psalmodiée, le théâtre d’une action -celle de ce premier roman aux veines gorgées de noirceur enivrante et de talent pur. Car c’est bien d’une nasse dont il sera question, pour ses habitants comme pour le lecteur, à laquelle Anna de Sandre offre, consciente de la densité de sa plume comme de son propos, une multitude de points d’entrée incarnés, parfois brutaux, comme autant de nouvelles organisées autour d’un fil rouge: Le Chien errant, rescapé d’un massacre originel, qui tantôt se contentera d’assister au spectacle, tantôt surgira crocs offerts pour redresser des torts. Ici, le fantastique glaçant se frotte au fait divers sordide, les dépressions lentes aux sursauts brutaux, pour presque autant de personnages que l’on trouvera de chapitres -tous baptisés entre parodie joviale et poésie brute. Autour de l’un des six bistrots de la ville, Le Ventre de l’ogresse, les destins se percutent jour et nuit, sans relâche ni fausse note.

D’Anna de Sandre, éditions La manufacture de livres, 218 pages.

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