2007 fut fort soul. 2008 sera très pop. Vampire Weekend et Los Campesinos donnent le ton. D’autres révélations pointent à l’horizon.

Il fut un temps où l’on aurait probablement crié « aux abris ». Acheté des boules Quiès. Cessé de feuilleter la presse, de zapper devant les chaînes musicales et d’écouter la radio dans l’auto. Un temps où, effrayés en voyant pointer la mièvrerie comme un chat échaudé craint l’eau froide, on aurait miaulé, griffé. Les oreilles en berne et les poils dressés. Certes, 2008 s’annonce résolument pop. Les Girls in Hawaii sont de retour. Le Lightspeed Champion a eu le droit à la couverture du New Musical Express. La France s’apprête à célébrer le premier album de ses Teenagers. Et Lily Allen va faire ses débuts au cinéma dans une parodie d’ Orgueil et Préjugés. On n’a pourtant pas vraiment envie de s’en plaindre. Une question d’âge? Plutôt de qualité.

LES VAMPIRES DE NEW YORK

En ce début d’année, les petits New-Yorkais de Vampire Weekend arrivent en messie. Clamant et démontrant que pop n’est pas nécessairement synonyme de facilité.  » Nous avons toujours veillé à ne pas sonner rock, argue Rostam Batmanglij, producteur et musicien à tout faire de ce qui deviendra assurément l’une des grandes sensations de 2008. Nous utilisons des instruments que je qualifierai de standard mais nous cherchons à en jouer avec originalité. Ceci explique sans doute que nous nous soyons tant intéressés à la musique africaine. »

Il y a du Paul Simon, du Talking Heads chez les Américains.  » Nous avons tous beaucoup écouté le groupe de David Byrne mais nous n’avons jamais essayé d’écrire une chanson qui lui ressemble« , se défend Rostam. Vampire Weekend ne veut pas copier. Il sait par contre depuis le début à qui il tente surtout de ne pas ressembler.  » Nous avons cherché à soigneusement éviter ces drumbeats qu’on entend partout et qui n’ont plus rien d’original (Ndlr, il se transforme en human beatbox et imite une batterie) ou à utiliser de grosses guitares bien lourdes. Nous nous considérons moins comme un groupe de rock que comme des musiciens. »

Des musiciens intellos, fringués en conséquence, qui sortent de l’université où ils se sont avant tout inscrits pour prendre leurs quartiers à la Big Apple.  » New York n’est pas un bon endroit pour faire de la musique. C’est le meilleur que tu puisses trouver, assure Rostam. Nulle part, nous n’aurions pu grandir aussi vite. Dans aucune autre ville, tu ne peux dégoter cinq concerts en deux semaines.  » Distractions et carrière naissante n’ont pas empêché les Vampire Weekend d’étudier. Que ce soit la musique, l’économie, l’anglais ou le russe. » Chris (Baio, le bassiste) aime sans doute davantage Beyrouth que les autres. Nous avons des centres d’intérêt divers, ce qui fait notre richesse, poursuit Rostam . C’est un peu embarrassant (nous étions encore jeunes) mais quand j’ai rencontré Ezra, nous avions en commun d’écouter U2 et Radiohead. De nourrir certaines ambitions. Nous avons envisagé de lancer un groupe ensemble alors que nous nous connaissions à peine. A vrai dire lors de notre première discussion. »

LES « PAYSANS » DE CARDIFF

Pour tuer le temps après l’entretien, Rostam écoute Carla Bruni dans les bureaux de sa maison de disques. Il nous demande de traduire quelques paroles de Quelqu’un m’a dit. Etrange. Comme l’histoire de Los Campesinos!. Autre groupe fondamentalement pop composé de jeunes curieux et cultivés. Ils viennent de Cardiff mais aucun d’entre eux n’est gallois. Ils se font appeler Los Campesinos! et n’ont pourtant que quelques notions d’espagnol. Pour couronner le tout, ils ont donné une de leurs toutes premières interviews à un magazine porno et ne regardent jamais de films X.  » Mon père a cherché un exemplaire de cette revue. En vain. Faut dire que j’ai du mal à l’imaginer au beau milieu d’une librairie fouiller parmi les publications les plus osées. » Gareth a le sens de l’humour. Il a écrit tous les textes de Hold on now, youngster… Le premier album frais et jouissif des « Paysans » les plus mélomanes du Royaume-Uni.

Flash-back. Les Campesinos montent sur le même tracteur à Cardiff où ils effectuent leurs études dans des domaines aussi variés que la littérature anglaise et les sciences politiques. Leur point commun? La musique. Les premières discussions tournent autour des Decemberists, de Pavement, de Sonic Youth.  » Je me souviens. Je portais un t-shirt du groupe de Thurston Moore quand je suis passé me présenter à mes voisins. Neil était en train d’accrocher un poster des New-Yorkais dans sa chambre. »

Les Campesinos aiment aussi Broken Social Scene, Yo La Tengo, Wolf Parade et… Vandenborre qu’ils sont étonnés de voir tenir des magasins de TV, vidéo, hifi, électro.  » C’est un super transfert sur notre jeu vidéo de foot. » On se disait bien.

La légende veut que les Gallois d’adoption se soient arrêtés à sept musiciens parce qu’ils suffisaient à payer la location de studios. Avec leur entrain, leurs titres à rallonge, leurs chansons enjouées et hystériques, les Campesinos se la jouent pop folle. Leur morceau It started with a mixx est un clin d’oeil au It started with a kiss des Hot Chocolate.  » Errol Brown se faisait aimer des femmes en les embrassant. Moi, j’essaye en leur apportant une cassette (rires). Mais je dois avouer que je n’ai jamais emballé une fille après lui avoir offert une compilation. » Qui sait? Un concert fera peut-être l’affaire? Les voies de la musique sont impénétrables. I know it’s only pop music but I think I like it.

u Vampire Weekend: Vampire Weekend u www.myspace.com/vampireweekend u Los Campesinos!: Hold on now, youngster… u www.myspace.com/loscampesinos

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