Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le leader du groupe Millionaire s’est enfui dans les Ardennes pour un album solo. Bienvenue à l’hôtel des cours brisés.

Accrochées à l’une des poches de sa veste, des lunettes noires à la Roy Orbison. « Cinq euros! C’est tout mon budget look », s’esclaffe Tim Vanhamel. Et de les rentabiliser un maximum: sur la pochette de son nouveau disque, dans le clip, sur scène. Ainsi, depuis le temps qu’on le croise, c’est seulement maintenant que Tim Vanhamel commencerait à se cacher… Peut-être parce que c’est aussi la première fois qu’il se présente en solo, sous son nom?

Bref rappel des faits. 1977, année punk: Tim Vanhamel naît à Hasselt. Un père musicien de jazz-folk, une mère prof d’éducation physique. A 14 ans, le jeune Tim prend Nirvana en pleine figure. Il fonde alors rapidement son premier groupe avant d’intégrer Evil Superstars. Quand la formation reçoit une proposition du label anglais A&M Records, il n’a que 17 ans. Sa mère signe le contrat. Deux albums plus tard, c’est déjà la fin de l’aventure. Temps mort? Même pas. A la demande de Tom Barman, il rejoint la tournée de dEUS, mais ne s’éternise pas. Il fonde alors son groupe Millionaire, avec jusqu’ici deux disques au compteur. Bruyants, lourds et sexy à la fois. Sur scène, il a des airs de Buster Keaton sous acide, se déhanche tel un pantin désarticulé. La classe.

Tout va pour le mieux. Ou presque. A l’automne 2006, c’est la fin, forcément douloureuse, d’une longue relation. « Je n’ai pas trop envie de m’étaler là-dessus, cela reste très personnel. Mais oui, j’étais dans le trou. Alors j’ai commencé à écrire.  » En ressortent très rapidement une vingtaine de chansons qui forment un tout. Reste à savoir qu’en faire… Car curieusement, alors que Millionaire a été créé pour éponger tous les projets de Vanhamel, ce dernier hésite. « J’en ai discuté avec des gens comme Tom (Ndlr: Barman), qui ne voyait pas de problème à ce que ces chansons soient présentées sous l’étiquette Millionaire. Et c’est vrai que tout peut passer par là. Mais en même temps, c’est un projet spécial et très intime.  » Pop aussi. Et même si les nouvelles chansons sont loin de filer tout droit, pour Vanhamel cela tient de la révolution: « Avec Millionaire, dès que l’on pondait quelque chose de trop conventionnel, pffft, ça volait à la poubelle. Mais à force, éviter la routine en est aussi devenu une.  » Résultat: Welcome to the Blue House, album solo commando, enregistré sur fonds propres, presque en secret, avec le batteur Luuk Cox, entre Wasmes, Aarschot, et la chambre d’ado familiale à Zonhoven. Economie de moyens qui ne s’entend jamais. A l’image du premier single, le magistral Until I Find You, mélodie « californienne » imparable (on comprend mieux les lunettes de soleil), gonflée aux cordes. Tim Vanhamel est donc aussi capable de ça. Une des meilleures nouvelles de ce début d’année, sans doute.

Album: Welcome to the Blue House (Pias). www.timvanhamel.com

LAURENT HOEBRECHTS

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