TELEVISION SCOLAIRE

Dans la quatrième saison, The Wire passe au crible le système d’enseignement américain. Pas très glorieux.

De David Simon et David Mills. Distribué par HBO Film.

Qui mérite le titre de meilleure série télé de tous les temps, The Wire ou The Sopranos ? On peut trouver de solides arguments en faveur de chacun des deux candidats mais si on prend comme critère la constance, alors la préférence va au premier. Dans The Sopranos, le niveau a baissé au cours de la quatrième saison, et il a fallu attendre les dix derniers épisodes pour voir la série renouer avec la qualité époustouflante des débuts. Ce n’est pas le cas dans The Wire dont l’intensité n’a fait que progresser, de sorte que cette quatrième saison est encore meilleure que les précédentes.

ADOS sans école fixe

En fait, les réalisateurs de The Wire ne jouent pas tout à fait honnêtement le jeu. Dans la quatrième saison, la série prend en effet un nouveau départ (pour ceux qui ne connaissent pas cette série et n’ont pas envie d’acheter les trois premiers coffrets, c’est dès lors une entrée en matière idéale). Quelques personnages importants des séries précédentes – tels que l’agent Jimmy McNulty – sont mis sur la touche et remplacés par une flopée de nouveaux rôles principaux. Les nouvelles têtes sont surtout des ados car The Wire se penche sur le système scolaire de Baltimore, un petit monde que le co-concepteur de la série, Ed Burns, connaît bien. Après sa carrière d’agent, il y a enseigné pendant quelques années. Et comme il fallait aussi s’y attendre, tout va mal dans l’enceinte de l’école. Alors qu’elle devrait donner aux enfants de Baltimore les moyens d’échapper aux revendeurs de drogue qui sévissent dans la rue, les jeunes sont poussés dans leurs bras à cause du désintérêt de ceux qui sont censés les prendre en charge. C’est ce sujet sensible qui rend cette saison si poignante. Dans les volets précédents, il était émouvant de voir comment les personnages s’efforçaient en vain d’échapper à leur sort. Ici, c’est la manière dont les ados sont livrés à eux-mêmes qui fend le c£ur.

AVEC LA BENEDICTION DE TOM WAITS

Dans The Wire, la musique joue un rôle important. Elle doit toujours provenir d’une source qui se trouve dans la scène elle-même, comme un autoradio, une télé ou un petit groupe qui se produit dans le café. Cela signifie que la chanson en question ne cadre pas toujours avec ce qui se passe dans la scène proprement dite. Il y a deux exceptions à cette règle: la chanson qui accompagne le montage final de chaque saison et le theme song de la série, Way Down In The Hole de Tom Waits, une sorte de gospel déchiqueté qui rend parfaitement « le sentiment d’un monde brisé ». Pour la première saison, on n’a pas utilisé l’original mais un cover de The Blind Boys of Alabama parce que la version de ce groupe noir se rapproche plus de l’histoire qui se déroule principalement dans les quartiers noirs. La version de Waits convenait par contre pour la deuxième saison qui se déroule dans le port « blanc ». Les réalisateurs ont alors décidé de faire interpréter la chanson accompagnant chaque série par un chanteur différent.

Il a fallu un certain temps avant que les réalisateurs obtiennent de Tom Waits l’autorisation d’utiliser sa chanson. Comme l’artiste voulait d’abord voir quelques épisodes, les producteurs lui ont envoyé une cassette vidéo. Après quelques semaines d’attente, il ne s’était toujours pas manifesté. Et pour cause, il ne savait pas comment fonctionnait le magnétoscope.

STEFAAN WERBROUCK

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