PEINTURES DE GUERRE – LA PEINTURE PAR PROJECTION CROISE L’UNIVERS DES FPS DANS CE RÊVE MÉDIÉVAL QUI PEINE QUELQUE PEU À BROSSER SON IDENTITÉ.

ÉDITÉ PAR SONY COMPUTER ENTERTAINMENT ET DÉVELOPPÉ PAR GIANT SPARROW, ÂGE: 3+, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 3 (TÉLÉCHARGEMENT UNIQUEMENT) ET COMPATIBLE PLAYSTATION MOVE.

Il y a derrière The Unfinished Swan l’histoire d’un garçon qui a perdu sa mère. Et en filigrane de ce récit raconté sur le ton d’un conte tragique pour enfants, une rupture salutaire avec les jeux vidéo de consommation courante. Sentiments rares sur consoles, la mélancolie et la tristesse s’étalent ici dans un royaume endormi. Le tout au fil d’un First Person Shooter traversé d’énigmes et de plateformes. Evoquer des tirs ne rend toutefois pas justice à ce jeu, que Giant Sparrow définit lui-même comme un « First Person Painting Game » .

Plongé dans un royaume onirique vidé de ses habitants, Monroe ne balance en effet pas des balles de plomb d’un Call of Duty mais bien des boules liquides. Le premier contact avec le jeu californien part d’ailleurs d’une page blanche déroulante. A la poursuite d’un tableau inachevé de sa mère, l’orphelin y balance des sphères d’encre noire qui, en s’écrasant autour de lui, dessinent peu à peu le paysage qui l’entoure.

Un ponton, une grenouille géante, un rocher, une forêt de bambous… Peindre progressivement cet univers monochrome pour littéralement y tracer son chemin prend des allures d’£uvre picturale interactive et ludique. Ironiquement, utiliser la peinture comme projectile rejoint le principe de Tag the Power of Paint, jeu fondateur de Portal 2, qui avait raflé juste devant The Unfinished Swan le titre de meilleur projet étudiant à l’Independant Game Festival 2008.

Lianes folie

Contrairement à Limbo, le clair-obscur ne définit toutefois pas à lui seul l’identité du périple pictural. Passé quelques énigmes et sauts de plateformes aux idées bancales, le jeu remplace ainsi le noir permanent de ses boules par un bleu aquatique temporaire. Egalement tapissés de gris, les paysages dessinés s’effacent, tandis que l’eau fait pousser en temps réel des lianes de lierre à diriger vers des promontoires et autres balcons pour y accéder.

Après cette ville médiévale à l’atmosphère enfantine cliché et mille fois rabâchée par la littérature pour enfants, The Unfinished Swan change heureusement d’air et de gameplay. Le ton devient alors plus lugubre pour plonger dans une forêt nocturne peuplée d’araignées invisibles tapies dans le noir. Au joueur de rester dans la lumière (à la manière de Closure) pour ne pas mourir en déplaçant une boule lumineuse ou en courant d’un arbre éclairé à un autre.

Passant à la vitesse supérieure, Giant Sparrow livre plus tard un ultime gameplay étourdissant où le joueur dessine des formes géométriques en 3D comme autant d’escaliers et de plateformes lui permettant de progresser. Le tout en ajoutant l’idée d’un monde parallèle qui vient donc se superposer au rêve de Monroe. Truffés de surprises et de clins d’£il (au Journey de Jenova Chen), ces deux derniers chapitres ne prennent malheureusement pas le temps d’aller jusqu’au bout de leurs idées. C’est connu: le jeu vidéo au format court fait grandir le medium. Pas dans le cas d’ Unfinished Swan, malheureusement.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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