Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

autour de minuit – Après deux albums bruts de décoffrage, Alison Mosshart et Jamie Hince relâchent un peu la pression. Moins de poses, mais toujours autant de frottements.

Distribué par Domino/Munich. En concert, le 24/03, à l’Ancienne Belgique, Bruxelles.

Le troisième album, c’est toujours un exercice périlleux. Plus question de compter sur l’effet de surprise du premier; plus la pression non plus de confirmer avec le second. En 2003, The Kills, duo formé par Alison Mosshart et Jamie Hince, a soufflé tout le monde avec Keep On Your Mean Side. Un premier album qui balançait entre punk et garage, moite et abrasif à la fois. Le son était sale, les beats crachés par une boîte à rythme rachitique, et c’était parfait. No Wow a suivi, a élargi un peu le spectre, mais a préservé l’image (la posture?) d’un binôme intransigeant. Elle et lui, campés dans leurs cuirs noirs, lunettes noires, moins ludiques que les White Stripes, plus urbains aussi.

atypiques

Les Kills remettent aujourd’hui le couvert avec Midnight Boom. Minuit, l’heure du crime, moment que choisissaient Jamie et Alison pendant l’enregistrement pour brancher les amplis et chercher la troisième voie: celle qui allait permettre d’avancer sans se répéter. Pour les accompagner dans ces « heures bleues », ils ont convié Alex Epton, alias ArmaniXXX. Soit un producteur hip-hop (voir le projet Spank Rock) avec l’idée de gonfler un peu plus le groove. Cela s’entend dès l’entrée en matière, avec le titre U.R. A Fever. Dialogue surréaliste, basses arrondies qui grondent, et ce mot d’ordre: « We ain’t born typical », insistent-ils. Le morceau suivant confirme: Cheap And Cheerful pourrait être un énorme tube pop, et dans un sens, il l’est. Mais à sa manière « I want you to be crazy, ’cause you’re boring when you’re straight », explique Alison Mosshart. Au milieu du morceau, on a donc droit à un écart de conduite, des roulements de tambours de fanfare décalés. Et ça marche. En deux chansons, The Kills a déjà réussi son pari: pousser aussi loin que possible la simplicité mélodique et bomber le son, tout en restant les pieds sur terre. Ils peuvent donc par la suite varier les plaisirs, y compris en salissant à nouveau le tapis, revenant à des saillies plus métalliques (M.E.X.I.C.O.C.U., Hook And Line,…) ou des rythmes plus chétifs (Tape Song).

Au bout du compte, l’exercice ne dépasse pas la durée habituelle des disques des Kills: 12 chansons en 34 minutes. Avec la liberté en plus. Le duo a montré avec ses deux premiers disques qu’il était différent; que s’il fallait compter avec lui, c’était à sa guise, en menant sa barque à sa manière, en définissant ses règles. Cela étant dit, et compris, les deux comparses peuvent maintenant se détendre, et lâcher par exemple les poses arty, tout en continuant à être eux-mêmes. Notamment en jouant à nouveau sur la tension (à haute charge sexuelle) entre elle et lui. « Il est permis d’être méchant », répète ainsi Alison Mosshart… On n’en a jamais douté.

www.thekills.tv

LAURENT HOEBRECHTS

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