Alors qu’Humbug, leur troisième album, vient de sortir, les Arctic Monkeys évoquent pour Focus leur image lisse, Josh Homme, le désert des Mojaves et ses gueules cassées.

Pas de vagues, pas d’esclandres, pas de folies ni de déclarations tapageuses. Les Arctic Monkeys sont le cauchemar de la presse people et des tabloïds anglais qui doivent essentiellement se contenter de l’idylle entre l’ex-top model, journaliste/présentatrice Alexa Chung et le Singe en chef Alex Turner pour évoquer dans leurs crasses colonnes l’un des groupes les plus populaires d’Angleterre.

Les Arctic Monkeys ont toujours laissé la musique parler pour eux. Se tenant à l’écart de toute médiatisation exacerbée. Le batteur Matt Helders est sans doute le plus bling-bling des 4 primates savants. Fan de rap (il a notamment remixé Yo Majesty), il s’est récemment ouvert les portes de la jet-set hip hop américaine. Sur le Blog MySpace du groupe, dans ses mini reportages de tournée, il a même posté un petit clip réalisé lors d’une Piscine Party à Miami où on le voit en compagnie de P. Diddy.

Pas de quoi fouetter des rockeurs. Rockeurs qui avaient tout de suite annoncé la couleur en intitulant leur premier album, Whatever People Say I Am, That’s What I’m not. « Les journalistes ont notamment essayé de nous cataloguer MySpace band. Groupe de la génération Internet. C’est peut-être parce qu’ils n’avaient pas grand-chose à raconter à notre sujet. Contrairement à ce que certains veulent laisser croire, il est beaucoup plus facile de rester éloigné des appareils photos et des caméras que de se retrouver sous le feu des projecteurs, explique au Pukkelpop, pendant que 50 Cent s’amuse sur des bandes préenregistrées, le guitariste Jamie Cook qui s’est laissé pousser la tignasse. Il existe plein d’endroits où tu peux sortir, manger un bout et aller boire un verre sans te faire emmerder. La discrétion est en nous. Dans notre tempérament. »

Un tigre dans le moteur

Pour Humbug, grande première, les Arctic Monkeys ont tout de même décidé de figurer sur la pochette de leur album. « On est plus sûrs de nous, poursuit Cook. Et plus fiers de ce disque que de tout ce que nous avons réalisé auparavant. Nous nous assumons pleinement. ça reflète aussi le fait que nous avons su rester nous-mêmes, garder notre identité, en travaillant avec une personnalité comme Josh Homme. »

Rencontré en Belgique lors du Pukkelpop – « il a déboulé dans notre loge comme un cinglé en gueulant Monkeeeyyys de toutes ses forces » -, le Queen of the stone age a accueilli les jeunes singes dans son désert des Mojaves. Plus précisément au mythique Rancho De La Luna. Là, il les a guidés avec ses drôles d’analogies. Comparant la musique, la batterie ou la guitare des Anglais à  » un gamin obèse barbouillé de chocolat« ,  » un tigre qui vient de se faire trancher la queue » ou encore  » un chien sans dents qui aboie avec un côté doux et agressif« .

« C’est vraiment au milieu de nulle part. Le genre d’endroit où nous n’avions jamais mis les pieds auparavant, commente le bassiste Nick O’Malley. Le Rancho ressemble davantage à une maison qu’à un grand studio cher et tape-à-l’£il. Nous étions les uns sur les autres mais il se dégage des lieux une atmosphère incroyable. Josh s’est vraiment impliqué dans le projet. Il est plein de ressources. Il nous soufflait des idées pour les riffs, la basse, les ch£urs… Puis l’ingénieur Alain Johannes a exercé un grand impact sur le son de nos guitares. »

S.O.S. Fantômes

Les Monkeys ne se sont pas mangé la queue. « Nous voulions dans un premier temps enregistrer un album de rock plutôt lourd. Nous avions environ 25 chansons. Nous aurions pu ne garder que les plus urgentes et rock’n’roll mais nous nous en sommes éloignés en enregistrant. » D’autant que Josh Homme ne voulait pas passer pour celui qui leur ferait nécessairement enregistrer un disque très dur et agressif.

Les Arctic Monkeys n’avaient pas jusqu’ici grand-chose à raconter. L’enregistrement d’ Humbug, peuplé par des fantômes et des personnages lynchéens, semble y avoir remédié. Déjà, les 4 mecs de Sheffield (désormais épaulés sur scène par le claviériste John Ashton) ont logé au Joshua Tree Inn. Un petit hôtel d’une dizaine de chambres où Gram Parsons a fait, à seulement 26 ans, une overdose fatale de morphine et de tequila en 1973. Sa mort déboucha d’ailleurs sur l’un des épisodes les plus extravagants de l’histoire du rock. Lorsqu’il apprit que sa dépouille allait être rapatriée, son ami et manager Phil Kaufman subtilisa le corps à l’aéroport et selon un pacte scellé avec Gram partit y mettre le feu en plein désert.

« Tous les matins, on allait manger au même endroit, le Country Kitchen, se souvient Nick. Un jour, un type y a débarqué avec un trou dans le front. Un trou de la taille d’une balle de golf. Hallucinant. Il y avait quelques freaks du genre. Des locaux. Apparemment, et ce n’est pas une blague, Lynch passe pas mal de temps dans le coin. Si ça tombe, ce gars bizarre apparaît dans l’un de ses films. Ou ce sera pour le prochain. »

Au studio Electric Lady, où ils ont terminé Humbug, les Monkeys auraient par ailleurs travaillé en compagnie d’un fantôme. « Pas celui de Jimi Hendrix. Juste celui d’un petit gamin, précise Cook en rigolant. Le mec qui nous a mixés prenait la chose très au sérieux. Il brûlait de la sauge pour faire fuir les esprits avant de se mettre à bosser. Pour tout vous avouer, cet enfant, nous ne l’avons guère croisé. »

Ce que les 4 garçons dans le vent ont depuis longtemps rencontré par contre, c’est le succès. Et, glamour ou pas, on ne l’imagine pas les abandonner.

Voir aussi la critique de l’album dans Focus du 21 août 2009.

Rencontre Julien Broquet

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