Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DOCUMENTAIRE DE BENJAMIN ET GABE TURNER.

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Eté 1995. Les spécialistes du foot anglais sont incrédules et remontés. Certains seraient même prêts à habiller Alex Ferguson d’une camisole de force et à le faire enfermer. L’entraîneur de Manchester United qui vient de perdre la finale de la Cup et de terminer deuxième derrière les Blackburn Rovers en championnat décide de vendre ses joueurs clés, de ne pas se renforcer et de faire confiance à sa classe biberon.

Dans le lot, il y a le petit rouquin asthmatique au sens de l’humour glacial Paul Scholes, dit le fantôme. Le dribbleur et fêtard gallois Ryan Giggs. Les frères Neville, Phil et Gary. Le playboy David Beckham, « trop beau pour jouer au foot », et le soldat Nicky Butt. Voyou de Gorton à qui personne n’ose donner un surnom de peur de s’en prendre une. Six potes qui, non contents de réaliser le doublé dès 1996, signeront trois ans plus tard l’un des plus grands exploits de l’Histoire du football. Truffé d’anecdotes, drôle, savoureux et intime, le passionnant documentaire de Benjamin et Gabe Turner revient sur l’irrésistible ascension de ces jeunes prodiges. Depuis leurs premiers exploits mancuniens jusqu’à ces arrêts de jeu de folie conte le Bayern Munich qui leur permettront en 1999 de soulever la Coupe aux grandes oreilles et de réaliser le triplé championnat-cup-Ligue des champions.

Images d’archives et interviews des principaux intéressés mais aussi de Tony Blair ou encore du réalisateur Danny Boyle (Trainspotting) à l’appui, The Class of 92 raconte leur premier grand trophée en catégorie d’âge, leur rite d’initiation en équipe première et Scholesy enfermé dans un séchoir (« aujourd’hui on parlerait d’harcèlement »)… Il évoque la méthode Ferguson qui, rencardé, s’en va lui-même interrompre les fiestas de ses joueurs les veilles de match, ses explications bidons quand il met l’un de ses éléments sur le banc et les secrets de longévité d’un Ryan Giggs. « A mon arrivée, Giggs était déjà là. J’ai pris ma retraite il y a quinze ans et il joue encore », sourit à ce sujet Eric Cantona. Mais il tisse également des liens avec la musique. Les Stone Roses (Mani apparaît dans le film) et les Happy Mondays. La house et l’Haçienda. Autres fiertés d’une grande cité du nord qui ne doit rien à personne. Certainement pas à Thatcher. « J’ai une guitare avec le drapeau anglais, je lui ai envoyée pour qu’il la signe et je n’aurais pas dû, raconte l’aîné des Neville au sujet d’Oasis, supporter du club rival. Sa réponse: Gary, combien de sélections en équipe d’Angleterre mérites-tu? Laisse-moi te dire, aucune. Avec tout mon amour, Noel Gallagher. » Truculent.

JULIEN BROQUET

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