Le cinéma n’a pas manqué d’évoquer suicide et suicidés, avec souvent plus d’ émotion que de sensationnalisme.

A l’heure où Kill Me Please ( lire la critique page 30) déboule sur nos écrans, abordant sans détour le thème controversé du suicide assisté, de nombreuses images reviennent à la mémoire. Le cinéma n’a pas pu ni voulu ignorer un sujet -le suicide- qui n’est certes pas des plus agréables, mais qui offre aussi un potentiel d’émotions et de sensations peu banal. Quelques films ont été jusqu’à inscrire le mot dans leur titre. On mentionnera bien sûr The Virgin Suicides (1999) de Sofia Coppola, où se dévoile subtilement le mystère du suicide de 5 s£urs adolescentes dans la banlieue aisée de Detroit durant les seventies. Le tout récent My Suicide (2009) de David Lee Miller, Prix de la Jeunesse au Festival de Berlin, a pour héros un lycéen qui annonce dans un message vidéo qu’il va mettre fin à ses jours, suscitant des réactions en sens divers de ses camarades et des adultes.

My Suicidal Sweetheart (2005) réunit dans une peu banale love story un jeune homme suicidaire depuis l’enfance et une jeune femme porteuse d’un désir de mourir encore plus prononcé que le sien! Quant au Journal d’un suicidé, film réalisé en 1971 par Stanislav Stanojevic, il montre avec onirisme comment un jeune homme (Sami Frey) tente de séduire une femme rencontrée lors d’une croisière en lui narrant des histoires… marquées par le suicide.

C’est chez les cinéastes japonais que le suicide revient le plus souvent au menu. Logique pour une culture nippone marquée par le seppuku (indûment appelé chez nous hara-kiri), auto-mise à mort rituelle par éventration avec une lame… Masaki Kobayashi signa notamment, en 1962, un classique titré… Seppuku, et qui critique la mentalité féodale sous-tendant le suicide « d’honneur ». Une notion présente aussi dans 2 films de réalisateurs américains évoquant le Japon: Mishima (1985) de Paul Schrader, et Letters From Iwo Jima (2006) de Clint Eastwood. Ces dernières années, c’est de l’ex-empire nippon aussi qu’est venu le douloureux sujet des suicides par vagues plus ou moins concertées, telles que les évoquent le film culte Suicide Club (2002) et Suicide Manual (2002). Le Québécois Yves-Christian Fournier abordant le même sujet avec Tout est parfait (2009), où quelques adolescents se suicident après avoir passé un pacte…

De nombreux autres films ont évoqué le suicide avec force. On n’oubliera pas celui de Last Days (2005) inspiré à Gus Van Sant par le rockeur Kurt Cobain, ni le (faux) suicide de Kim Novak dans Vertigo (1958) d’Alfred Hitchcock. Ni encore l’agonie de Javier Bardem dans Mar Adentro (2003), bouleversant plaidoyer pour le droit à l’euthanasie. Ni non plus l’explosion de Jean-Paul Belmondo se faisant sauter à la dynamite dans Pierrot le Fou (1965) de Godard.

Et comment ne pas être hanté à jamais par la scène hallucinante du suicide de Jacques Dutronc dans L’Important c’est d’aimer (1974), le fulgurant drame passionnel d’Andrzej Zulawski? l

Texte Louis Danvers

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