Nouvelle Star – J.J. Abrams prend la saga de Star Trek par… le début, et lui donne un coup de jeune dans un film aux vertus organiques-réalistes.
De J.J. Abrams, avec Chris Pine, Zachary Quinto, Eric Bana. 2 h 08.
Nous avions vu les six séries télévisées (dont une d’animation), nous avions écumé les dix longs métrages de cinéma, et pourtant nous avions raté le début de la saga! J.J. Abrams, fort heureusement, passait par là, qui voulait bien se dévouer pour nous conter l’origine du récit de science-fiction le plus prolifique de l’histoire des médias audiovisuels américains (au cinéma, la série nippone des Godzilla garde une avance d’une bonne dizaine de titres). L’homme qui, au petit écran, a créé Alias et Lost, le réalisateur qui a signé le troisième épisode roboratif et à tous points de vue saignant de la « franchise » Mission: Impossible, était donc un « trekkie » parmi les « trekkies », et nous l’ignorions! Qui plus est, il savait comment avait disparu l’héroïque papa de Jim Kirk, et comment ce dernier, tout jeune encore, avait été promu au rang de capitaine et s’était confronté à un Vulcain tourmenté du nom de Spock, avant de devenir son ami et de le prendre comme second à bord de « son » vaisseau le S.S. Enterprise!
L’idée de poursuivre une saga en remontant à ses origines n’est pas neuve. George Lucas l’avait lui-même choisie pour Star Wars, et ne s’en était pas trouvé mal. Abrams la justifie pleinement dans son film en y semant des ressorts psychologiques cruciaux, comme le sacrifice paternel offrant sa destinée à Kirk Junior (il naît au moment même où meurt l’auteur de ses jours), ou le conflit existentiel d’un Spock mi-vulcain, mi-humain, et dès lors partagé entre la froide rationalité d’une de ses origines et l’émotion de l’autre. Sur le plan formel, et fidèle à l’approche physique, organique, qui marquait déjà sa lecture de Mission: Impossible 3, le cinéaste adopte un style nettement plus réaliste dans les scènes d’action. Il multiplie les combats à mains nues, et même les affrontements entre vaisseaux spatiaux prennent des airs de corps à corps aussi narrativement prenants qu’esthétiquement aboutis.
Sang neuf bienvenu
Pour sûr, la longue et parfois même longuette saga de Star Trek s’en trouve joliment revigorée. Mais le pouvoir de résistance trekkien aux apports extérieurs n’en reste pas moins important. Et l’aspect infiniment lisse des éléments de base, des personnages aux décors en passant par l’action, empêche quelque peu le traitement façon J.J. Abrams de prendre sa pleine dimension. Le sang neuf apporté par celui-ci n’en est pas moins fort bienvenu, et le film spectaculaire à souhait. Ajoutez à l’ensemble quelques paradoxes temporels bien tournés, des téléportations sympathiquement passéistes dans leur représentation, et l’apparition fort émouvante de Leonard Nimoy en Spock vieilli revenant du futur se mêler du présent, et vous saurez que « mordu » de la série ou pas, le nouveau Star Trek a de quoi vous séduire.
Louis Danvers
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