Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ONZE CHANSONS, AUTANT DE COURTS MÉTRAGES, ET UNE FLOPÉE DE RÉALISATEURS. POUR LEUR DIXIÈME ALBUM, LES TINDERSTICKS ONT VU GRAND, BEAU ET CONCEPTUEL.

Tindersticks

« The Waiting Room »

DISTRIBUÉ PAR CITY SLANG/V2.

8

Stuart Staples a toujours entretenu une relation particulière avec le 7e art. Des amours et une passion cinématographiques qu’il partage avec Claire Denis depuis leur rencontre en 1995 dans les coulisses du Bataclan (où jouaient ce soir-là les Tindersticks). Les années passant, Stuart est devenu le compositeur officiel de la mère Denis. Signant la plupart de ses bandes originales (Trouble Every Day, 35 Rhums, White Material, Les Salauds) depuis Nénette et Boni.

Mais si la pochette de son nouvel album The Waiting Room pourrait être l’affiche d’un David Lynch, le rapport étroit du groupe au cinéma ne s’arrête pas là. Grâce à une collaboration avec le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand et avec la Blogothèque (les fameux Concerts à emporter), ses onze titres s’accompagnent tous d’un petit film, pour la plupart signés par un réalisateur différent. On y croise Claire Denis bien sûr. Mais aussi Pierre Vinour (Magma), Gregorio Graziosi (Obra), ou encore le photographe Richard Dumas (à qui l’on doit également la pochette du disque, comme celles du Boire de Miossec et de L’Imprudence de Bashung). De cet album concept, son et image tout en élégance, ne résulte pas une collection de clips plus ou moins réussis commandés (et/ou réalisés) par Stuart Staples mais bien « des interprétations visuelles et personnelles » qui s’entremêlent pour former un joli récit poétique et collaboratif. Un contrepoint de sa musique. Comme s’il avait voulu inverser les rôles.

Avec Lhasa de Sela et Jehnny Beth…

Stuart Staples, l’esthète, n’a pas invité que des vidéastes dans sa Salle d’attente, dixième album des Tindersticks. Il y chante aussi en duo avec son amie Lhasa de Sela décédée en 2010 des suites d’un cancer du sein (ils avaient enregistré Hey Lucinda ensemble quand elle était encore en bonne santé) et avec Jehnny Beth, la voix viscérale de Savages (We Are Dreamers!).

Au final, The Waiting Room lui a pris quatre ans. Quatre ans pour mettre de l’ordre dans ses idées et dessiner ce projet multimédia tout en classe et délicatesse porté par son timbre de crooner désolé. Clin d’oeil cinéphile d’entrée: The Waiting Room s’ouvre sur Follow Me, une reprise du thème composé par Bronislau Kaper pour Les Révoltés du Bounty (1962). Les Tindersticks ont toujours charmé de par leurs ambiances. Elles sont ici changeantes. Dans la foulée immédiate de Were We Once Lovers qui flirte avec le kraut et l’électronique, Help Yourself se la joue afrobeat, éthiojazz… Tandis que pour succéder à l’instrumental et expérimental This Fear of Emptiness, How We Entered débarque de nulle part en mode spoken word. Comme d’habitude, il y a cette lumière sombre, cette obscurité lumineuse, cachet des Tindersticks faisant foi.

Si le ciné concert de samedi à La Rotonde (une projection intégrale du film et un showcase acoustique de Stuart Staples) affiche complet, les Tindersticks passeront en mars par Anvers et Louvain et une version spéciale de ce splendide album comprendra le film en DVD.

LE 23/01 AU BOTANIQUE (COMPLET), LES 20/03 ET 21/03 AU BOURLA (ANVERS) ET LE 22/03 AU DEPOT (LOUVAIN).

JULIEN BROQUET

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