Si les films font encore le bonheur des chaînes de télévision, les émissions qui en parlent y sont de plus en plus rares. C’est au tour de Screen de passer à la trappe…

On ne va pas rejouer le couplet de la nostalgie. Elle n’est assurément plus ce qu’elle était, pour reprendre l’assez belle expression de Simone Signoret (1). Mais ceux qui n’ont pas connu l’excellente et excitante émission d’Antenne 2 (devenue France 2 aujourd’hui) Cinéma, Cinémas, ceux qui n’ont pas goûté au savoureux Carrousel aux images que pilota sur la RTB(F) le grand Sélim Sasson, auront raté quelque chose. Cinéma, Cinémas dura de 1982 à 1991, le Carrousel de Sasson tourna de 1961 à 1986, avant qu’il n’anime d’autres programmes consacrés au 7e art. Hormis Canal+, dont le cinéma (de la production à la diffusion) est avec le sport la principale matière première, aucune chaîne n’a par la suite programmé une bonne émission spécialisée en France.

L’envers de l’écran

Chez nous, Hugues Dayez sut reprendre le flambeau, entre couverture des sorties et sujets magazine. Mais son Screen, présenté avec Cathy Immelen, aura vécu à la fin de cette année. La décision d’arrêter l’émission au 1er janvier 2010 (2) n’a que très relativement surpris, la RTBF devant faire des économies et préférant, pour des raisons plus ou moins politiques, prolonger la (sur)vie d’autres émissions pourtant largement boudées du public… Dayez continuera son travail d’intervieweur pour des sujets que diffusera le JT. Mais il n’y aura plus désormais d’émission couvrant l’actualité cinématographique à la télévision de la Communauté française. Sauf si le projet prêté par certains à Philippe Reynaert, directeur de Wallimages et animateur de L’Envers de l’écran, venait à se concrétiser…

Il est apparemment très paradoxal de constater à quel point le cinéma continue à être source de bonnes audiences télévisées, alors que très rares sont les chaînes qui persistent à lui consacrer une émission digne de ce nom. Apparemment seulement, car force est de reconnaître que l’audience de pareilles émissions, jadis nombreuse, ne cesse de stagner, voire de décliner. L’effet Internet (on y parle beaucoup de cinéma), une certaine désaffection pour la critique professionnelle comme vecteur d’influence, la saturation des campagnes publicitaires autour des films – y compris dans les journaux télévisés où les coproductions maison ou les films parrainés par les chaînes bénéficient d’une large présence – font assurément leur effet. Avec la réduction des vrais magazines consacrés au 7e art, ce sont bien sûr les « petits » films, les films plus « pointus » ou exigeants, qui pâtiront d’un encore plus grand manque de visibilité…

(1) La grande actrice française en fit le titre de ses mémoires,

parues en 1975 aux éditions du Seuil.

(2) La première partie où passent les bandes annonces serait préservée (avec une voix off, sans doute), car elle a le mérite de « rapporter », étant le relais promotionnel des distributeurs de films.

DE louis danvers

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