Hot Wheels – Inédit, Speed Racer, le dernier film des frères Wachowski combine divertissement familial, course automobile et effets spéciaux. Soufflant.

De Andy et Larry Wachowski. Avec Emile Hirsch, John Goodman, Christina Ricci. 2 h 09. Warner.Lendemains difficiles pour les frères Wachowski. Portés au pinacle avec The Matrix, trilogie dont l’intérêt s’effritait pourtant au fil des épisodes, les deux réalisateurs n’auront attendu qu’un film pour connaître un retour de bâton spectaculaire: avec 18 millions de dollars de recettes pour son week-end d’ouverture, Speed Racer fut considéré comme un échec retentissant aux Etats-Unis (n’y totalisant, que 44 millions de recettes cumulées, bien loin, en tout état de cause, d’un budget estimé au bas mot à quelques 120 millions). Dommage collatéral immédiat: la sortie belge du film se voyait reportée sine die.

La sentence apparaît, à l’autopsie, fort sévère. Faisant ici l’économie de prétentions métaphysiques fumeuses, les Wachowski proposent en effet un film d’aventures aussi spectaculaire qu’abouti, divertissement familial (et même enfantin) orchestré dans une débauche de couleurs flashy et d’effets spéciaux.

Inspiré de la série animée japonaise Mach Go Go Go, imaginée par Tatsuo Yoshida en 1967, Speed Racer relate les aventures d’un jeune as du volant. Hanté par le souvenir de son frère Rex, mort en course, Speed Racer (Emile Hirsch) refuse de délaisser la Mach 5 artisanale produite dans les ateliers familiaux pour les bolides de la puissante Royalton Industries. Ce faisant, Speed provoque l’ire des industriels peu scrupuleux et guère plus regardants quant aux moyens à mettre en £uvre pour éliminer cet empêcheur de piloter et de combiner en rond. Suite – musclée – sur les circuits, cadres de joutes tenant autant du combat de gladiateurs, avec des voitures équipées en conséquence, que de la compétition automobile dans son acception classique.

Vintage et tendance

Il y a, certes, un parfum de Michel Vaillant dans cette trame simpl(ist)e exaltant les valeurs familiales comme l’esprit d’entreprise. Schéma mis toutefois au goût d’un jour peuplé d’effets spéciaux de la dernière génération, et en prise directe sur l’esthétique des jeux vidéo. L’un des charmes essentiels du film réside précisément dans ce principe de juxtaposition. Speed Racer mélange ainsi des univers graphiques différents avec des résultats étonnants, associant une esthétique vintage jusqu’en ses transparences à des développements visuels dernier cri; invitant ses protagonistes – la distribution aligne encore John Goodman, Susan Sarandon ou Christina Ricci – à se mouvoir dans un environnement à la fois tendance et gentiment désuet; réinventant la magie du Scalextric ou des circuits Hot Wheels en même temps que ses bolides numériques y pratiquent une forme inédite de kung-fu.

Inattendu, le résultat est plus encore bluffant, amenant le spectateur à la croisée des époques et l’aspirant dans un déluge de couleurs criardes du plus bel effet psychédélique. Loin de s’adresser exclusivement aux fans de courses automobiles, et quoique un brin saoulante sur la distance, une incontestable réussite, qu’accompagnent une visite de plateau à hauteur d’enfant, et un descriptif des caractéristiques techniques de véhicules équipés de gadgets à même de faire pâlir d’envie James Bond soi-même…

Jean-François Pluijgers

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