Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Repérée au sein de Zero Seven, la chanteuse australienne a dû soigner ses plaies avant de connaître le succès en solo.

Sia Furler est un drôle d’oiseau. Le rire généreux et sonore, l’Australienne lâche ses phrases en rafales, tout en expliquant que son thérapeute lui a conseillé de se préserver. « Mon penchant naturel, c’est de continuer à parler de mes problèmes, même avec les journalistes. Mais je ne peux pas faire ça. On ne peut pas tout donner à tout le monde tout le temps. »

Pendant longtemps, Sia Furler (Adelaide, 1973) a été la voix principale de Zero Seven, groupe anglais rattaché à la scène trip hop. Depuis trois albums pourtant, elle a su tracer son propre chemin. A première vue, malgré des arrangements plus personnels, sa pop mainstream à la Dido pourrait passer inaperçue. Certaines amitiés intriguent cependant, comme celle avec Beck ou Fabrizio Moretti (le batteur des Strokes a écrit sa bio, et a failli l’emmener à bord de son projet Little Joy). Surtout, certains textes n’arrivent pas à cacher le vague à l’âme de la demoiselle. « Ce qui nourrit mes chansons, ce sont certainement les conflits dans ma vie personnelle. De ce point de vue-là, j’ai encore pas mal de matière », rigole-t-elle. On veut bien croire. La cassure a lieu en 97. Sia Furler s’apprête alors à rejoindre son fiancé à Londres, pour s’y s’installer avec lui. Mais quelques jours avant son arrivée, celui-ci se fait renverser par une voiture et meurt sur le coup. Après les funérailles, Sia restera sur place. Avec les amis de son boyfriend, elle s’échappera dans la boisson et la drogue. Elle mettra 6 ans et deux albums torturés – Healing Is Difficult (2000) et Colour The Small One (2004) – avant de commencer à s’en remettre. Aujourd’hui, elle assure que son dernier Some People Have Real Problems est son disque le moins  » personnel ». Entendez, le moins douloureux…

Happy Days

Elevée par la télé ( « Je fais encore souvent des rêves où je me retrouve dans la famille de la série Happy Days »), Sia Furler y chante des histoires de mauvais géant ( Little Black Sandals) et assure ne pas vouloir vieillir ( Playground). « Une partie de moi est dans la régression: j’adore dessiner avec des gros crayons, m’amuser avec mes potes de 5 ans, aller manger des glaces… C’est pour ça que mes vidéos sont toujours un peu fofolles. Mes chansons, par contre, sont les adultes, la partie « raisonnable ». C’est une dichotomie qui peut être troublante pour certains qui n’arrivent pas à faire le lien entre les deux. Mais les deux sont moi. »

Aujourd’hui, Sia va donc mieux. Avec pour baume au c£ur, le succès. Aux Etats-Unis surtout, où Some People… , sorti il y a plus d’un an, avait été précédé par un tube inattendu – ressorti de l’album précédent, Breathe Me accompagnait la scène finale de l’ultime épisode de la série Six Feet Under. Au fond, c’est encore en… Australie que Sia reste la plus méconnue. « Je n’y ai même jamais fait un seul concert! C’est même comme s’ils ne savaient plus que j’étais australienne. En même temps, je ne suis pas non plus l’American sweetheart ni la garce. Je ne corresponds à rien, en fait. Je suis juste cette fille avec la coupe au bol, et le t-shirt arc-en-ciel. Lily Allen, par exemple, est une image de chipie mignonne, un peu directe, avec son accent cockney. Amy Winehouse aussi, c’est la fille avec une choucroute sur la tête qui chante des chansons incroyables. Toutes les deux ont trouvé leur place. Moi je ne sais pas encore vraiment où je suis. Mais ça me va bien. » (rires)

u Sia, Some People Have Real Problems, Universal.

Laurent Hoebrechts

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