Si nous étions adultes…

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L’économie du trait, l’art de placer la bonne ligne au bon endroit et rien de plus. Tous les auteurs ne possèdent pas ce super-pouvoir. Mais Takako Shimura, elle, si. Et avec élégance. Dans Si nous étions adultes…, la mangaka -coutumière des récits LGBT (Comme un adieu)- met son approche sensible et minimaliste au service du jeu d’attraction entre deux femmes, l’une ouvertement lesbienne et l’autre, institutrice aux airs (faussement) sages et coincée dans un mariage-prison, qui se découvre un intérêt pour cette brune magnétique. Une approche réservée, pudique, comme peuvent l’être les romances japonaises, sans pour autant verser dans la pudibonderie. Mais la série ne se limite pas à l’écriture douce-amère de ce couple impossible. Autour d’elles, l’autrice déploie un éventail de portraits féminins allant de l’enfance à l’âge adulte, illustrant les injonctions à adopter un rôle attendu, stéréotypé, très hétéronormé, et la faible marge de manœuvre pour s’épanouir hors du canevas préprogrammé. Si la société japonaise n’est pas la nôtre, on dressera aisément des parallèles. Parfois un peu mollassonne (toutes les intrigues ne se valent pas), la série brille dans les moments où, d’un coup, la franchise éclate, faisant surgir la vérité hors des nombreux non-dits et pensées intimes. Quatre tomes sont déjà parus, mais on en redemande.

De Takako Shimura, éditions Akata, 4 tomes parus.

7

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