Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Pour le cinéma belge, la frontière linguistique est un réel obstacle, dans un marché par ailleurs spectaculairement différencié.

DES CHIFFRES SIGNIFICATIFS

Aucun conflit n’oppose certes, et heureusement, les cinématographies francophone et flamande. Leurs relations sont même globalement plutôt harmonieuses, comme l’atteste le nombre grandissant de films qui obtiennent à la fois l’aide publique des deux Communautés (le cinéma est dans notre pays une matière communautarisée). Mais les différences se marquent nettement dès qu’on se met à parler chiffres! Ceux de 2006 révèlent par exemple qu’en nombre d’entrées, les quatre premiers films belges du classement sont flamands. Soit dans l’ordre Windkracht 10 (213 782 entrées), De Hel van Tanger (174 880), K3 en het IJsprinsesje (173 415) et Piet Piraat en het vliegende schip (88 862). Aucun de ces films n’ayant reçu de sortie dans la partie francophone du pays… En 2007, les cinq premières places sont encore trustées par des films flamands inédits en Wallonie: BenX (262 324), Firmin (217 721), Vermist (201 635), Plop en de pinguin (122 875) et Man zkt vrouw (119 319). Par comparaison, le premier film d’un réalisateur belge francophone, Cowboy de Benoît Mariage, n’a attiré (malgré Benoît Poelvoorde) que 37 733 spectateurs, Nue propriétéde Joachim Lafosse en réunissant 26 059.

Autre chiffre significatif, en 2003, cinq Flamands sur huit avaient acheté un ticket pour au moins un film flamand, alors que des films francophones, pourtant primés en Festivals, laissaient la même année totalement indifférents les spectateurs wallons. Et est-ce une consolation de voir que certaines £uvres francophones (comme Le Fils des Dardenne ou Ultranova de Bouli Lanners), ayant bénéficié d’une sortie en Flandre, y font… de meilleurs résultats que dans leur communauté? De toute manière, dans un marché de plus en plus séparé, rares seront dans le futur les films issus d’une partie du pays à sortir dans l’autre. Deux réalités spectaculairement différentes se côtoient désormais dans un marché pour lequel le label « cinéma belge » n’a presque plus la moindre signification. Hors de nos frontières, heureusement, il conserve encore quelque sens… et se conjugue généralement en français: les plus grands succès « made in Belgium » restant à l’échelle européenne Le Huitième jour de Jaco Van Dormael, avec 5 275 000 spectateurs, et Rosetta des frères Dardenne qui en a réuni 1 250 000…

LOUIS DANVERS

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