L’âge des impossibles – Sam Mendes rÉunit Leonardo DiCaprio et Kate Winslet, le couple de Titanic, pour les mettre À l’Épreuve des compromis de l’existence…

De Sam Mendes. Avec Kate Winslet, Leonardo DiCaprio, Kathy Bates. 2 h 05. Sortie 21/01.Retrouver Leonardo DiCaprio et Kate Winslet, le couple mythique de Titanic, réunis qui plus est sous l’égide de Sam Mendes, mari de la seconde et, surtout, réalisateur de American Beauty et Road to Perdition, voilà une perspective objectivement séduisante. Onze ans se sont passés déjà depuis que Leo s’autoproclamait  » King of the World« , et Revolutionary Road questionne précisément la marche du temps sur le mode  » qu’avons-nous fait de nos rêves de jeunesse?« .

Nous sommes dans les années 50 et les jeunes époux Wheeler (Leonardo DiCaprio et Kate Winslet, bien entendu) emménagent à Revolutionary Road, dans un lotissement d’une petite ville du Connecticut, avec la ferme intention de ne pas se laisser détourner de leurs idéaux par un environnement ronronnant. Mais si le couple affiche superbe et indépendance d’esprit, que complètent des caractères bien trempés, la réalité quotidienne a tôt fait de les mettre à l’épreuve: entre le boulot lénifiant de Frank, employé de bureau chez Knox, à New York, en attendant autre chose, et la vie de foyer d’April, la routine impose une loi ne laissant guère de place aux aspirations personnelles et autres éventuelles excentricités.

La voie du conformisme semble donc toute tracée, lorsque, refusant de rendre les armes pour se fondre dans l’idéal banlieusard américain d’alors, April leur écrit un avenir parisien à même de les voir (re)faire leur vie et se réaliser l’un et l’autre. Si la détermination de la jeune femme semble inébranlable, Frank est, pour sa part, assailli par le doute – peu désireux qu’il est de lâcher la proie pour l’ombre.

Un pavÉ dans la mare amÉricaine

Sorti à l’orée des années 60, Revolutionary Road, le roman de Richard Yates, avait alors fait sensation, solide pavé balancé dans la mare de la société américaine, qu’il scrutait avec une rare lucidité. L’histoire, qui confronte un idéal élevé et insouciant à l’épreuve du temps, n’a, pour tout dire, guère perdu de son acuité. Tant, il est vrai, qu’elle parle aussi du dilemme s’invitant dans toute existence, sous la forme de la part de compromis que chacun est prêt à y mettre pour en concilier les différents impératifs.

Aussi foisonnant soit le propos, le film qu’en tire Sam Mendes n’arrive pas à dépasser le stade de l’illustration et, partant, de l’anecdotique. Rejoignant en cela le destin de ses protagonistes, qui semblent oublier de vivre encore tant leur chemin est pavé de renoncements, Revolutionary Road échoue à transcender la reconstitution soignée et même minutieuse, enfermant ses acteurs dans une posture figée où chaque émotion semble feinte (la palette, pourtant étendue, des deux acteurs n’y pouvant guère). Si bien que l’observation des Wheeler rattrapés par leurs petites vies étriquées tourne à l’exercice d’entomologie – intéressant, sans nul doute, mais dispensant aussi de forts relents de formol… Et ne réussissant à véritablement capter l’attention que fugacement – lorsqu’un peu de folie vient s’immiscer dans cette ouvrage exécutée de fort belle façon, ni moins ni plus…

www.revolutionaryroad.be

Jean-François Pluijgers

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