Après une descente aux enfers, Britney Spears annonce son retour aux affaires et sort Circus. flash-back sur un itinéraire chaotique.

On peut penser ce que l’on veut de Britney Spears, mais il faut au moins lui laisser ceci: la chanteuse ne chôme pas. Un an seulement après l’album Blackout, elle est déjà de retour. Et cela malgré une succession de déboires privés, de dérapages trash, et autres séjours en institution psychiatrique. C’est bien simple: ces derniers mois, seule Amy Winehouse s’est révélée à même de rivaliser avec la blonde Américaine dans les tabloïds à scandales…

Aujourd’hui, Sony-BMG croise les doigts. Britney Spearsa vendu jusqu’ici plus de 80 millions de disques. Mais Black-out, à peine promotionné et passé du coup quasi inaperçu, n’y a que modestement contribué (« à peine » 3 millions d’exemplaires écoulés). Le plus dur avait pourtant été accompli: faire évoluer l’idole pop teenager vers quelque chose de plus adulte – entendez plus sexuellement explicite. Seulement voilà, en quelques mois, tout a dérapé. De Lolita du début des années 2000, Britney Spearsest devenue la « Lolitrash ». Pour y remédier, voilà donc Circus, son sixième album, sorti cette semaine. Il est présenté comme celui de la rédemption. Ou à défaut, de la réhabilitation…

America’s Sweetheart

On a souvent comparé Britney Spears à Madonna. Certains verront même un passage de relais dans le baiser « scandaleux » que les deux femmes s’échangeront sur la scène des MTV Awards 2003 (en fait, Madonna embrassera également Christina Aguilera dans la foulée, mais le producteur du show télé loupera le moment, trop occupé à scruter la réaction de Justin Timberlake, ex de Spears,assis dans le public…). Par la suite, Madonna invitera même Britney Spears à se lancer comme elle dans l’étude de la kabbale. La jeune femme laissera cependant tomber en 2006, elle qui avoue lire peu de bouquins, préférant « les magazines ».

En fait, il n’est pas compliqué de se rendre compte que Britney Spears ne sera jamais Madonna. Question d’époque, de personnalité. Madonna est « née » à New York, après que Louise Ciccone a passé son temps à arpenter les boîtes disco-punk branchée de la Grosse Pomme. Elle y croisait Andy Warhol, Arthur Baker, fréquentait Basquiat… Quand elle obtient son premier hit, elle a 25 ans. Britney Spears fait, elle, ses premières appari-tions dans l’émission The New Mickey Mouse Club… Par ailleurs, quand elle sort ce qui deviendra son premier carton, … Baby One More Time, elle n’a pas encore fêté ses 17 ans. Elle devient instantanément la nouvelle petite fiancée de l’Amérique.

Nous sommes alors en 1998. Kurt Cobain s’est suicidé quatre ans plus tôt. Les temps sont au grand nettoyage pop avec les Spice Girls et autres Backstreet Boys. L’industrie musicale vit ses dernières années d’insouciance avant les ravages du téléchargement: elle en profite pour accentuer ses efforts sur la nouvelle cible des préados, de plus en plus large. Avec ses couettes et ses socquettes blanches de lycéenne, Britney Spears deviendra le produit-phare de cette tendance, la tête de gondole de la pop bubblegum. Sourire ultrabrite en prime, et promesse de ne pas céder au péché de chair avant le mariage. En coulisses, on rigole bien… Originaire du sud profond (de Kentwood précisément, Louisiane, 2 000 habitants, et à peu près autant de vaches), Britney Spears joue la copine blonde, certes un peu espiègle et sexy, mais complètement inoffensive.

Aussi fabriquée et creuse soit-elle, la pop de Britney Spears n’en reste pas moins terriblement efficace. I’m A Slave 4 U, par exemple, est redoutable. Sorti en 2001, c’est aussi la première étape d’une émancipation, la musique et les clips étant de plus en plus ouvertement portés sur la « chose ». Problème: entre-temps, la machine s’est accélérée. En 2007, un ami de la star revenait sur l’emballementdans le magazine Rolling Stone:  » Il y avait des réunions où les gens se battaient sur l’opportunité de donner un break à Britney, mais à la fin la machine l’emportait toujours.  »

Madonna a toujours façonné son look pour mieux maîtriser ce qu’elle voulait bien livrer de sa vie privée. Plus elle contrôlait et manipulait son image, mieux elle cachait ce qu’il y avait réellement derrière. Résultat: au-delà de la figure de bosseuse ambitieuse, personne ne sait vraiment aujourd’hui qui est Louise Ciccone. Britney Spears, elle, va faire l’inverse: pour reprendre possession de son image, elle va décider de livrer sa vie privée. Après tout, les écrans télés sont envahis par la téléréalité. Britney emboîtera le pas.

Réhab

Elle aura d’ailleurs son « show »: Britney & Kevin: Chaotic est constitué principalement des home video filmées par Spears elle-même. On y suit le début de son idylle avec Kevin Feder-line, un danseur, déjà père de deux enfants. Trois mois après leur rencontre, ils se marient (ce n’est pas une première pour la jeune femme, mariée pendant… 55 heures à Jason Alexander, un ami d’enfance. Le résultat d’une virée de trois jours à Las Vegas rythmée, selon Alexander, par les pilules d’ecstasy en soirée, la cocaïne pour tenir la journée, et du valium pour redescendre en douceur).

A ce moment-là, la vie de Britney Spears devient un vrai feuilleton de série Z. Comportement erratique, prestations télés désastreuses… Début 2007, elle a divorcé de Federline avec qui elle a quand même eu le temps d’avoir deux enfants. Mi-février, elle rentre en cure de désintoxication dans la clinique d’Eric Clapton, à Antigua. Elle ne tient pas 24 heures. Quand elle rentre chez elle, son ex-mari, sa mère et son manager l’attendent. Ils refusent de lui confier ses enfants avant qu’elle n’ait suivi une thérapie complète. Furieuse, Britney Spears reprend alors le volant. Après quelques kilomètres, elle s’arrête dans un salon de coiffure et demande qu’on lui rase la tête. Le patron refuse, essaie de discuter. La star prend alors elle-même la tondeuse et s’exécute. Les images de ce qui apparaît moins comme une tentative d’affirmation que comme une automutilation feront le tour du monde…

Dans la lumière

D’Elvis à Michael Jackson, l’Amérique a toujours été impitoyable avec ses idoles. Comme si pour alimenter son mythe, elle devait elle-même les consommer frénétiquement. Britney Spears est une des dernières à en avoir fait les frais. Les règles du jeu ont beau être connues, les lumières sont toujours plus fortes. Sur son nouveau disque, elle s’adresse notamment aux paparazzi:  » Vous ne m’aimez pas, je ne vous aime pas davantage, cela ne fait rien/Mr le photographe, je pense que je suis prête pour un close-up ce soir/ assurez-vous d’avoir mon bon profil » ( Kill The Lights).

Aujourd’hui, Britney Spears est bien passée par la case rehab. Elle peut à nouveau revoir ses enfants trois jours par semaine, après avoir perdu un temps complètement leur garde. Nommé tuteur, Jamie Spears gère désormais directement les affaires et la carrière de sa fille. Dans le long dossier que le magazine Rolling Stone consacre à nouveau à la star ce mois-ci, la journaliste Jenny Eliscu explique:  » Aujourd’hui, Britney a autant de droits légaux que quand elle participait au Mickey Mouse Club. » Tout ça pour ça… En attendant, Womanizer, premier single tiré de Circus, a atteint la première place du top 100 américain. Cela ne lui était plus arrivé depuis … Baby One More Time. Son tout premier tube…

Texte Laurent Hoebrechts

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