ELEPHANT EXHUME DEUX CLASSIQUES SF PRODUITS PAR UNIVERSAL DANS LES FIFTIES. MENACE ATOMIQUE ET PÉRIL ROUGE Y COMPOSENT UN COCKTAIL ENVOÛTANT.

Le Météore de la nuit (It Came from Outer Space)

DE JACK ARNOLD. AVEC RICHARD CARLSON, BARBARA RUSH, RUSSELL JOHNSON. 1 H 17. 1953. DIST: ELEPHANT.

7

Les Survivants de l’infini (This Island Earth)

DE JOSEPH M. NEWMAN. AVEC JEFF MORROW, FAITH DOMERGUE, REX REASON. 1 H 25. 1955. DIST: ELEPHANT.

7

On ne saluera jamais assez le travail d’Elephant Films, éditeur s’employant notamment à tirer de l’oubli de multiples pépites du cinéma bis. Après divers avatars de Dracula et Frankenstein, son catalogue s’enrichit aujourd’hui de deux titres empruntés à la vague SF qui devait déferler sur Hollywood dans les fifties, attisée tout à la fois par la menace atomique et le péril rouge: Le Météore de la nuit (It Came from Outer Space) de Jack Arnold et Les Survivants de l’infini (This Island Earth) de Joseph M. Newman, deux productions de William Alland, ancien acteur du Mercury Theater d’Orson Welles, pour Universal.

Classique du genre, Le Météore de la nuit inaugurait, en 1953, une série de films de science-fiction en 3D, avec force effets spéciaux (aujourd’hui désuets) à l’appui. Un astronome amateur et sa compagne institutrice y découvrent qu’un météore s’étant écrasé à proximité de la petite ville de Sand Rock, Arizona, dissimule en fait un ovni, dont les occupants, des sortes de globes oculaires géants, ont le don de prendre l’apparence des humains qu’ils hypnotisent, ces derniers adoptant ensuite un comportement étrange (préfigurant en cela l’excellent Invasion of the Body Snatchers, de Don Siegel). Efficace et envoûtant en dépit de son évident manque de moyens, le film réalisé par Jack Arnold (Creature from the Black Lagoon, The Incredible Shrinking Man) d’après un scénario de Ray Bradbury, s’il joue habilement de la paranoïa ambiante, dispense aussi un parfum humaniste, dénonçant la peur de l’autre (du reste pacifiste) comme celle de l’inconnu. Non sans ménager de délectables frissons et révéler Barbara Rush, que l’on devait revoir ensuite chez Douglas Sirk, Nicholas Ray et autre Richard Quine…

De Metaluna à Mars Attacks!

Réalisé deux ans plus tard par Joseph M. Newman, assisté de… Jack Arnold, Les Survivants de l’infini ouvrait, pour sa part, la voie au space-opera. Deux savants atomistes y sont emmenés dans l’espace par des représentants de la planète Metaluna, soumise au feu nourri des Zaghons. La suite tient de la fantasmagorie en Technicolor et si une humeur délicieusement kitsch préside à This Island Earth, certaines trouvailles ne laissent pas d’étonner, là où les scènes de Metaluna, avec le recours au matte painting, s’avèrent simplement de toute beauté. Pour la petite histoire, l’unique mutant du film -le budget ne permit pas d’en confectionner d’autres- devait inspirer le look des extraterrestres de Mars Attacks! à Tim Burton. Un hommage parmi d’autres, Joe Dante voyant pour sa part dans This Island Earth« le Star Wars de 1955 », pas moins. Délectable.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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