À L’INSTITUT DU MONDE ARABE, À PARIS, UNE LARGE EXPO REVIENT SUR L’IMPACT DE LA CULTURE HIP HOP, DEVENUE EN 40 ANS LA BO D’UNE CERTAINE JEUNESSE MONDIALE.

On ne peut pas dire que le timing fut idéal. Au moment où s’ouvrait l’expo Hip Hop: Du Bronx aux rues arabes, son commissaire, le rappeur Akhenaton, se prenait une volée de bois vert pour son implication dans la dernière campagne Coca Cola. En cause: la « récupération » d’un artiste au discours « engagé » par une multinationale. Que ce même rappeur, pionner aujourd’hui quadra du mouvement, se retrouve à la tête d’une expo, dans un haut lieu culturel parisien -l’Institut du monde arabe- n’arrangeait rien. Au contraire. Par sa droite, et par sa gauche, le hip hop se retrouvait vampirisé, coffré, vidé de sa substance sur l’autel à la fois du commerce et des institutions… La polémique n’est évidemment pas neuve. Et à défaut de nouveaux éléments à ajouter au débat, on peut facilement le mettre entre parenthèses pendant un temps. Celui de la visite à l’Institut du monde arabe.

Reliquaire

Son expo hip hop vaut en effet le coup d’oeil, à la fois ludique et solidement charpentée. Elle s’ouvre par un mur de ghettoblasters, ces postes de radio portables mastodontes, customisés par les b-boys au début des années 80. La première salle démarre donc en même temps que le hip hop, racontant ses origines dans le Bronx, ainsi que son arrivée, rapide, en France. Dans les vitrines, des vinyles de la collection perso du fondateur Afrika Bambaataa, les « manuscrits » originaux de morceaux aussi emblématiques que Planet Rock, ou un exemplaire de Born In The Bronx, enregistrement rarissime de l’une des battles les plus légendaires du hip hop, datant de 1981… Les débuts hexagonaux sont tout aussi documentés: lunettes portées par Sydney dans l’émission H.I.P. H.O.P., exemplaire de Vas-y mets la dose de Rapsonic (« 1er 45 t de Zulu music », annonce le sticker)… Plus loin, on tombe même sur un trousseau de clés: celui que le graffeur Jonone avait réussi à piquer pour accéder au réseau de métro parisien, et ainsi « massacrer » les rames en toute quiétude… Cette transformation en reliques d’éléments parfois triviaux, issus d’une culture à peine trentenaire, est certes amusante. Mais c’est aussi ce qui fait tout le sel d’une expo qui cherche avant tout à transmettre une histoire. Car pour beaucoup, en particulier les gamins qui écoutent aujourd’hui Booba, le récit des pionniers reste largement méconnu. Qui connaît encore, par exemple, les noms de Johny Go et Destroyman? Combien d’ados fans de Kaaris savent que MC Solaar a fait autre chose que donner le change à Mimie Mathy dans les fancy-fairs annuelles des Restos du Coeur?…

L’expo se déroulant à l’Institut du monde arabe, elle se penche également sur les scènes hip hop orientales et du Maghreb. Notamment via l’écho que le rap, musique de fête mais aussi de contestation, a pu trouver auprès des jeunes lors du Printemps arabe. Un mur propose ainsi de faire un tour musical du bassin méditerranéen. A l’inverse, plus loin, une borne permet de réaliser à quel point les rappeurs américains et français ont pu emprunter aux répertoires arabes classiques. Hip hop won’t stop…

EXPOSITION HIP HOP, DU BRONX AUX RUES ARABES, JUSQU’AU 26/07, À L’INSTITUT DU MONDE ARABE, PARIS.

L.H.

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