Entretien avec Didier Varrod, éditions Plon. 230 pages.

Cali en fait-il trop? Depuis l’Amour parfait, en 2003, le chanteur a enchaîné deux autres albums, et multiplié les concerts. Plus encore, c’est son engagement qu’il n’a cessé de porter toujours plus haut en étendard. En faveur des sans-papiers, contre le sida, pour le droit des pères,… Déclinant l’invitation des Restos du C£ur, mais s’impliquant à corps perdu dans la campagne de la socialiste Ségolène Royal. C’est bien simple: chacune de ses interventions radio ou télé est désormais décomptée du temps de parole du PS.

Il ne faut donc pas s’étonner: les deux tiers du livre d’entretiens qu’a menés Didier Varrod sont consacrés à la question. Didier Varrod n’est pas un inconnu. Journaliste, réalisateur de documentaires, il a contribué au lancement de Cali, en étant parmi les premiers à passer ses chansons à la radio. L’auteur ne cherche donc pas à cacher son empathie pour son sujet. Malgré cela, il a le mérite d’aller au bout des questions qui fâchent. De son côté, Cali ne lâche rien. Il persiste et signe dans son rôle de chanteur « enragé », au romantisme militant (fleur bleue ou rouge sang, c’est selon), qui agit d’abord et réfléchit ensuite. Varrod l’explique en creusant les racines familiales de Bruno Caliciuri – voir le parcours de son grand-père paternel, qui a combattu dans les Brigades internationales. Mais aussi en revenant sur son admiration pour Bono. Croyant comme lui, le chanteur de U2 a également perdu sa mère très jeune.

Le livre arrive-t-il à vider la polémique autour du chanteur-chien fou? On pourrait écrire qu’au bout des deux cents pages de l’ouvrage, Cali finit par l’emporter aux points. Mais pour combien de temps encore? D’aucuns s’inquiètent de percevoir les premiers signes de lassitude auprès du public. Cali en est bien conscient. « C’est comme si vous étiez invité à une grande fête: au début vous faites rire tout le monde, à la fin vous ennuyez les gens, et au final vous êtes viré. Et dans votre tête vous vous dites pour vous rassurer: « Quand on me virera je rentrerai chez moi.  » Comme le dernier pilier de bar qui pense qu’il va malgré tout garder sa dignité pour bien négocier sa sortie. Et ce sentiment est violent. Mais n’est-ce pas ce que je recherche inconsciemment? » l

L.H.

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