Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Alors que la télé numérique s’impose partout, la radio se consomme encore largement pépère, sur les ondes FM. Et demain?

L’annonce avait fait l’effet d’une petite bombe dans le paysage audiovisuel français. Il y a quelques semaines, Michaël Espinho (plus connu sous le pseudo MikL) déclarait qu’il quittait NRJ France, la radio qui l’avait vu grandir en popularité et en audiences, pour Goom. L’animateur vedette des soirées djeun’s, qui avait débuté sa carrière dans sa Belgique natale sous la même bannière, choisissait donc un portail Web à l’audience timide à la place de la 3e station FM de France, une machine de guerre. « La FM, c’est le passé », déclarait-il sur le plateau de Morandini! Sur Direct 8. D’ailleurs, expliquait-il, il n’y a plus aucun récepteur hertzien chez lui. L’avenir? La radio numérique terrestre (RNT), sur poste DAB (le standard de diffusion sonore) ou la radio wi-fi. Passons rapidement sur cette dernière, certes alléchante (elle permet l’écoute de pratiquement tout ce qui se fait dans le monde), mais conditionnée à l’achat d’un équipement plutôt cher, et à l’immobilité.

La radio numérique terrestre comporte elle aussi de sacrés points positifs, « surtout en termes de réception et de couverture », souligne Jean-François Furnémont, directeur général du CSA, l’organe de régulation des médias audiovisuels en Communauté française. Lequel est compétent pour gérer l’expansion de cette nouvelle forme de radio, puisque, malgré tout, ses ressources (des fréquences) sont limitées -dans une mesure moindre que la FM, évidemment.

Morcèlement des audiences

« Avec la radio numérique, on ne doit plus tourner l’antenne des heures et parcourir toute sa maison pour retrouver sa station favorite. Et on occupe moins de capacité pour une qualité de son identique voire supérieure, une rationalisation qui permet une couverture plus large et plus équitable du territoire. » En bref, si la RNT avait eu du succès plus tôt, le CSA n’aurait pas dû procéder à la partition des ondes voulues par la Communauté française. Les auditeurs n’auraient ainsi pas assisté impuissants à l’extinction de Mint et BFM en FM, candidates malchanceuses à un plan de fréquences destiné à ordonner les ondes, éviter que les stations se marchent sur les pieds, et casser d’éventuelles hégémonies.

Malgré tous les avantages de la technologie numérique, la Communauté française n’est encore nulle part ou presque (la RTBF diffuse sous ce format depuis 11 ans déjà) dans le développement de la RNT. La faute à quoi? « Les éditeurs justifient leur inertie en disant que les foyers ne sont pas encore équipés, et les gens ne s’équipent pas parce qu’ils disent que les éditeurs ne proposent rien. C’est le serpent qui se mord la queue. «  Il faut encore souligner le temps et l’énergie consommés par le plan de fréquences FM, qui nécessite aujourd’hui encore des aménagements.

On imagine également sans peine que la radio numérique, qui favorisera la diversité de l’offre, n’arrange que très peu les gros acteurs du paysage radiophonique, qui n’ont pas envie de voir leur audience se morceler. C’est peut-être aussi bête que cela. Will digital radio kill the radio stars? l

Myriam Leroy

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