Harry Potter est de retour sur les écrans pour une sixième aventure où affleure la peur de grandir…

La Warner se serait-elle lancée dans l’adaptation des best-sellers de J.K. Rowling sachant qu’ils deviendraient des variations de mille pages sur la prise de conscience de la mortalité? David Yates, réalisateur du nouvel opus, répond diplomatiquement: « Si les films deviennent plus noirs, c’est parce qu’on suit les livres. » Cependant, on connaît pire sort pour une major que de se retrouver prisonnière d’une poule aux £ufs d’or. Il se trouve que la noirceur de plus en plus affirmée des films est commercialement contrebalancée par un gage rare de fidélisation: les acteurs principaux ont grandi en même temps que leurs personnages… et que leur public cible. Harry et ses amis sont un peu comme l’Antoine Doinel de Truffaut, mais suivant une cadence autrement infernale (six films en huit ans). « Dans les premiers épisodes, raconte Emma Watson, l’interprète d’Hermione, nous n’étions pas de vrais acteurs, mais plutôt des marionnettes. Ce n’est qu’à partir du troisième film que j’ai arrêté d’être moi-même à l’écran. Les tournages ont été mon école de comédie. » Oui mais voilà, le dernier volet est déjà en tournage, pour une sortie en 2011. Surgit alors la prise de conscience de la mortalité… d’une carrière.

Ruppert Grint, alias Ron Weasley, a dégainé le plus vite: il a déjà joué dans trois films hors de la franchise, trois échecs commerciaux hélas. Watson fait beaucoup parler d’elle en posant pour des magazines de mode, mais elle veut avant tout aller à l’université: « Lire et étudier ça a toujours été mon échappatoire… comme Hermione! » Quant à Daniel Radcliffe (Potter himself) il confesse volontiers que cela ne fait pas longtemps que les gens ont cessé de l’appeler Harry dans la rue. En 2007, il a défrayé la chronique en jouant nu sur scène à Londres. Une façon comme une autre de casser son image. Mais, à vingt ans, il ne se fait déjà plus d’illusions: « J’espère continuer de jouer la comédie aussi longtemps que possible. Mais je sais que je n’aurai pas deux fois la même chance, même si je me réjouis d’avoir du temps pour d’autres projets. » En attendant, « le seul changement depuis qu’on est majeurs, c’est que les journées de travail sont plus longues, plaisante Watson. Je suis impatiente de connaître la vie d’une jeune fille normale. On a dû grandir plus vite que les autres enfants. Mais ce qu’on y a gagné vaut bien ce qu’on y a perdu. » Souhaitons aux trois compères d’avoir l’occasion de faire leurs preuves à leur sortie de l’école des sorciers.

Harry Potter and the Half-Blood Prince, sur les écrans depuis le 15/07. voir égAlement notre critique en page 44.

Matthieu Reynaert, à Londres.

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