Propriétés privées

La propriété privée a fondé nos sociétés libérales. L’un de ses symboles: la maison de ses rêves que l’on a acquise. Ainsi Helen se réjouit de retaper cette maison géorgienne au coeur de Londres. Mais bizarrement, la demeure emplie encore de l’histoire de sa précédente et tragique occupante semble vouloir échapper à sa possession. La propriété privée peut s’appliquer à tout ce que l’on possède, ses biens, ses amitiés, ses désirs. Et Lionel Shriver ( Il faut qu’on parle de Kevin, Big Brother) de conduire les personnages de ses douze nouvelles ici rassemblées face aux sentiments mitigés qu’impliquent la possession. Ainsi cet homme d’affaires se dorant sur une île de l’océan Indien après avoir détourné quelque magot de l’entreprise qui l’employait. Il s’en mordra les doigts de culpabilité, son souhait une fois réalisé ne lui procurant que regret et anxiété. Et que dire de ces anciens amants contraints par la nouvelle compagne de l’un d’eux de mettre fin à l’amitié qui les unissait encore? Frustrations et bassesses sont au programme. Écrivaine du détail, Shriver dissèque avec une obsession chirurgicale les vies de ses protagonistes, frôlant souvent l’anecdotique dans l’analyse sociale promise par son livre. Elle saisit toutefois avec adresse la nature humaine dans ce qu’elle a de meilleur et de pire.

De Lionel Shriver, éditions Belfond, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurence Richard, 456 pages.

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