A rebours du temps – Mike Newell transpose avec bonheur l’univers du jeu Prince of Persia à l’écran, pour un film renouant avec la magie du cinéma d’aventures d’antan.

De Mike Newell. Avec Jake Gyllenhaal, Gemma Arterton, Ben Kingsley. 1 h 56. Dist: Disney.

L’un des charmes de Prince of Persia tient assurément au fait que le film de Mike Newell se situe au confluent de 2 époques, assumant parfaitement l’héritage on ne peut plus contemporain du jeu dont il est inspiré, tout en l’inscrivant dans une perspective n’étant pas sans rappeler le cinéma d’aventures à l’ancienne, qu’il s’agisse du Thief of Bagdad de Michael Powell qu’évoque furieusement sa séquence d’ouverture, ou encore du Man Who Would Be King de John Huston.

Tourné dans de magnifiques horizons… marocains, Prince of Persia: The Sands of Time relate l’histoire de Dastan (Jake Gyllenhaal, une gueule, à défaut parfois du charisme souhaité), un guerrier courageux et rebelle que des circonstances troubles, doublées d’une conjonction d’intérêts et plus si affinités, amènent à faire route en compagnie de Tamina (Gemma Arterton, altière et volontaire), princesse de la ville sainte d’Alamut. Et d’unir leurs forces dans une lutte ayant pour enjeu immédiat une dague permettant de libérer les Sables du temps.

C’est du sérieux

La suite, ce sera un film d’aventures exotiques recelant son lot de retournements de situation, alliances éphémères, trahisons, intrigues de couloir et morceaux de bravoure, suivant une trame plus fertile en rebondissements qu’en véritables surprises. S’y ajoutent des emprunts à la plate-forme qui donna sa matrice au film, au premier rang desquels la possibilité de rembobiner le temps. S’il y a là incontestablement un abîme de pistes scénaristiques, elles ne vont toutefois pas sans leur revers, à savoir de nombreuses répétitions qui, couplées au recours immodéré au principe de la surenchère, donnent parfois le sentiment que la narration est calquée sur celle d’un jeu dont on franchirait les étapes successives.

Cette réserve posée, Mike Newell accommode ces ingrédients hétéroclites avec son expérience de « vieux » routier tout-terrain (de Donnie Brasco à Harry Potter), pour signer un film incontestablement enlevé. Et si la tentation de l’improbable salmigondis apocalyptique à la sauce Bruckheimer est bien présente, son Prince of Persia n’en conserve pas moins élan et charme, jusque dans ses envolées romantiques irrésistiblement kitsch. Toutes qualités parfaitement restituées par une édition Blu-ray quelque peu pingre en compléments cependant: l’amateur n’a en effet qu’une (cruelle) scène coupée et un making of à se mettre sous la dent, ce dernier restituant à l’envi l’ampleur d’une production qui arracha ce commentaire à Gemma Arterton: « Les décors ressemblent à des villes, c’est du sérieux. »

Jean-François Pluijgers

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