Amicalement vôtre – Autour d’un petit garçon et d’un poisson rouge, le génial Hayao Miyazaki signe une délicieuse fable animée à hauteur d’enfant.

De Hayao Miyazaki. 1 h 40. Sortie: 08/04. Aux côtés d’Isao Takahata, avec qui il fonda les studios Ghibli il y a plus de vingt ans, Hayao Miyazaki compte parmi les réalisateurs qui ont bouleversé le paysage de l’animation, amenant cette dernière en des terrains inédits, tant d’un point de vue graphique que narratif. De Princesse Mononokéau Voyage de Chihiro, pour ne citer que deux de ses films les plus connus, l’auteur japonais a construit un univers fascinant, inscrit au confluent de mondes divers et ouvrant sur de nombreux champs d’interprétation.

Quatre ans après Le Château ambulant, film synthèse d’une exceptionnelle densité, Miyazaki semble toutefois avoir voulu faire v£u de simplicité. Librement adapté de La petite sirène, de Hans Christian Andersen, qu’il a transposée dans le Japon contemporain, Ponyo sur la falaise est ainsi un conte fantastique écrit résolument à hauteur d’enfant.

L’histoire nous amène dans une petite ville japonaise surmontant une mer intérieure. C’est là que Sosuke, un garçonnet de cinq ans, recueille un jour Ponyo, un petit poisson rouge placé dans une situation délicate. Entre eux deux, il y a une fascination mutuelle, et bientôt plus. Si bien que, bravant la colère de Fujimoto, son père, un sorcier autrefois humain vivant aujourd’hui au plus profond des flots, Ponyo décide de gagner la terre, non sans se métamorphoser en petite fille. Ce faisant, elle déchaîne des forces naturelles incontrôlables, sous la forme d’un tsunami qui libère bientôt toute sa puissance sur la falaise abritant le village de Sosuke.

Un univers enchanteur

S’il porte incontestablement la griffe de Miyazaki, Ponyo marque une évolution sensible dans le style du réalisateur. Entièrement dessiné à la main, le film opte en effet pour des motifs simples encore que joliment imagés. L’autre évolution tient à l’absence apparente de toute aspérité dans le propos. Un propos que l’on pourrait ramener à l’histoire d’une improbable comme irréductible amitié, à l’abri du regard bienveillant des mères, et à même de surmonter les écueils les plus divers, en ce compris les interventions divines ou surnaturelles.

Si l’auteur, dont les films multiplient habituellement les niveaux de lecture, s’en tient donc ici à un conte enfantin, il ne privilégie pas pour autant une option simpliste. Le monde de Ponyo se révèle d’ailleurs rien moins que fascinant, qui confronte des univers multiples, non sans laisser magie et merveilleux se glisser dans le quotidien, jusqu’à d’ailleurs prêter vie aux éléments. Et opposer, incidemment, aux incertitudes du temps un rapport différent au cosmos. Il en résulte un conte d’une mer japonaise aussi envoûtant que délicieux, une fable enivrante aux contours écolos. Un pur régal…

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Jean-François Pluijgers

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