« Images of Sigrid »0JEUNE ET PONI – Cinq Parisiens prennent la pose en remuant les cendres froides des années 80, pour un second album vénéneux. Poni Hoax, meilleur groupe français du moment?
Distribué par Tigersushi/Bang! En concert le 25/07, à Recyclart, Bruxelles.C’est le groupe que l’on adorerait détester. D’ailleurs, très franchement, on a essayé. Ultra-parisien (de Barbès précisément), confortablement installé au top de la branchitude (à la corde avec Sébastien Tellier, c’est dire), Poni Hoax a tout pour agacer. Y compris la pose et la lippe volontiers ironiques. Seulement voilà, il y a d’abord eu Budapest, premier titre éclaireur intrigant. Courant 2006, l’album arriva dans la foulée, et la cote de Poni Hoax s’est encore un peu plus emballée.
De qui s’agit-il exactement? De cinq « jeunes gens modernes » (appellation contrôlée), dandys désabusés qui plongent volontiers leur ennui dans ce grand lupanar des genres qu’était le début des années 80: entre punk, électro, new wave, disco underground, krautrock… A cet égard, il faudra un jour se demander pourquoi le moindre plan rock piochant dans les seventies est considéré aujourd’hui comme ringard, alors que tout qui distille des sons eighties dans sa musique passe pour un héros (peut-être parce que l’un sent le patchouli et l’autre la sueur et le stupre?).
A cet égard, Joakim, producteur brillant et patron de label cultivé, est bien le dernier à freiner les envies de noir, de sexe et d’alcool made in eighties, de Laurent Bardainne, clavier et principal compositeur de Poni Hoax. Dès le départ, Paper Bride avance au trot, dans les volutes de fumées de cigarettes et de claviers froids (merci Brian Eno), avant de s’emballer avec une trompette (?) qui s’étrangle et des guitares métalliques qui vibrent. La voix de Nicolas Ker fait également beaucoup pour la cause: l’accent a beau être approximatif, difficile ne pas relier le timbre et le ton de sa voix à ceux de la cold wave anglaise. On cite régulièrement Ian Curtis de Joy Division: c’est évidemment exagéré mais pas complètement faux non plus.
ROMANTIQUE
Surtout qu’il y a encore la face disco de Poni Hoax. Elle arrive dès le second morceau The Bird Is On Fire. Ou de manière plus évidente encore avec Antibodies, morceau de bravoure dont le refrain est emballé par un piano et des cordes emphatiques comme aux plus belles heures des tubes du maître Moroder. A propos de la signification du titre, Nicolas Ker expliquait récemment: « J’ai passé un an de célibat, je me tapais des nanas à la chaîne. Ce n’était même plus du sexe, je ne me rappelais plus de leurs visages. » On soupçonne malgré tout les Poni Hoax, derrière leurs poses, d’être en fait de vrais romantiques. Crâneurs mais aussi crooners. C’est évident sur le titre Images of Sigrid, dédié à leur muse officielle, jeune actrice parisienne mystérieuse de 23 ans (à en croire son site MySpace). Ou encore sur le début des 13 minutes sensibles de Faces In The Water, qui achève de convaincre en toute fin de disque. Poni Hoax a réussi son coup, avec un peu de roublardise, mais aussi surtout pas mal d’inspiration. Le ticket frenchy du moment.
u www.myspace.com/ponihoax
LAURENT HOEBRECHTS
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