Poney flottant

 » Je deviens un organisme vivant ayant toutes sortes d’écailles, de ventouses, de muqueuses, de tentacules, de sexes. Je n’ai plus prénom de petite fille. J’ai une foule en moi. » Celle qui se laisse là traverser par le flux des souvenirs et sensations est une vieille dame plongée dans un coma. Jadis, elle fut une môme féroce, énamourée de son Grand-Père, un Viking « angliche » fermier qui lui a promis un poney. Lorsque ce roc de sa toute jeune vie brinquebalante décède, tout bascule. Si le corps de « Sweetie Horn » -devenue « Poney » pour son plus grand malheur à cause d’une grand-mère vacharde- refuse dès lors de grandir, sa langue, elle, n’a de cesse d’être en expansion. Un peu comme un Bubblicious effronté et tape-à-l’oeil, elle percute les bords de la page, s’enfuyant par tous les pores, se mâtinant d’anglais, de « spaniche », de « phonétique-tik-tik » et de quelques traces de notre bon idiolecte du Plat pays suite à des étreintes adjectivales torrides. Après Marilyn Turkey (dans Marilyn desossée), Isabelle Wéry ajoute donc une pensionnaire de choix et de caractère à son grand cirque de trépidants freaks de corps et de vocables. Un roman giboyeux en loopings et scènes de résistance qu’on fantasmerait de voir restitué à voix haute par des  » lèvres de bouche » et disséminant à tout va le moindre de ses sucs.

D’Isabelle Wéry, éditions Onlit, 250 pages.

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