Paul Newman, l’irréductible

Trois films quelque peu oubliés de Paul Newman, regard mémorable et légende inoxydable du cinéma américain, font l’objet d’une réédition bienvenue…

Sometimes a Great Notion (Le Clan des irréductibles)

De et avec Paul Newman. Avec Henry Fonda, Lee Remick. 1970. 1 h 54. Dist: Elephant.

Slap Shot (La Castagne)

De George Roy Hill. Avec Paul Newman, Strother Martin, Jennifer Warren. 1977. 2 h 03. Dist: Elephant.

Winning (Virages)

De James Goldstone. Avec Paul Newman, Joanne Woodward, Robert Wagner. 1969. 2 h 03. Dist: Elephant.

7

Disparu en 2008, Paul Newman a électrisé le cinéma américain de son regard bleu azur pendant les quelque 50 ans d’une carrière balisée notamment par Le Gaucher d’Arthur Penn, Cat on a Hot Tin Roof de Richard Brooks, Cool Hand Luke de Stuart Rosenberg ou The Verdict de Sidney Lumet. Mieux qu’une star, une légende, dont Elephant a le bon goût de ressortir, dûment restaurés, trois films moins connus. Adapté d’un roman de Ken Kesey, l’auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou, Sometimes a Great Notion (1970) est l’un des cinq films que réalisa l’acteur entre 1968 et 1987, remplaçant pour le coup Richard A. Colla au pied levé. L’action se situe dans une petite ville de l’Oregon au bord de la faillite quand, refusant de se joindre à la grève entamée par les travailleurs syndiqués, une famille de bûcherons, les Stamper, s’attire bientôt les foudres de ces derniers, sans que sa détermination ne s’en trouve entamée. Et le drame de s’esquisser, inéluctable. Si le film se prête curieusement à une interprétation conservatrice à l’opposé de l’engagement de Newman, l’intérêt est aussi ailleurs, et notamment dans l’exploration des liens familiaux à laquelle il se prête ici avec inspiration, transcendant une lecture trop étriquée. Ancré dans le paysage social de l’Amérique du début des années 70, et porté par une distribution de choix (Henry Fonda, Michael Sarrazin…), un film à redécouvrir.

Changement de registre avec La Castagne (Slap Shot, 1977), pour lequel l’acteur retrouvait George Roy Hill, réalisateur de Butch Cassidy and the Sundance Kid et The Sting. Il y campe Reggie Dunlop, joueur-entraîneur d’une équipe de hockey sur glace composée de bras cassés. Et qui, la banqueroute de la ville minière de Charlestown menaçant d’emporter les Chiefs, va imaginer une tactique reposant sur la violence à outrance pour attirer l’attention d’éventuels repreneurs… Comédie grinçante, Slap Shot est une plongée hallucinante dans le monde ultra-violent des ligues inférieures de hockey, à quoi s’ajoute une solide dose d’humour, incarnée notamment par les Hanson, sortes de Three Stooges sur patins. Soit un cocktail réjouissant, et la matière dont l’on fait les films cultes. On ne quitte pas l’univers du sport avec Winning (Virages), réalisé par James Goldstone en 1969. Si le scénario -l’histoire d’un pilote ambitieux jusqu’à l’obsession, au risque de perdre sa femme au profit de son rival des circuits- est bien mince, les images des 500 miles d’Indianapolis, documentaires pour certaines, ne manquent pas d’impressionner. Spectaculaire et tendu, le film vient aussi rappeler la passion de Newman pour la course automobile, lui qui fut pilote, patron d’écurie, et boucla sa somptueuse carrière en prêtant sa voix à Doc Hudson dans… Cars.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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