Pas les mères

Une romancière à succès entend parler d’un fait divers tragique: Alice Espanet, femme qu’elle a jadis connue sous un autre nom, vient de noyer ses jumeaux en bas âge. Tout juste mère, la narratrice découvre tous les aspects qu’on tait aux futures accouchées: hémorroïdes, tétons à vif, entrejambe recousu, mais aussi ce dévouement total, au-delà de soi. Obsédée par cet infanticide, elle profite d’un congé parental pour enquêter. Passant au tamis le profil sociologique d’Alice/Jade et de Ritxi, leurs démarches de procréation assistée, interrogeant une amie commune, elle cherche à comprendre l’indicible. Elle convoque ces créatrices pour qui la maternité était en question (Doris Lessing parle des débuts comme de  » L’Himalaya de l’ennui« , Sylvia Plath y voit une grande joie -qui n’empêche pas son dernier geste). Au cours d’un procès tendu, elle s’interroge sur les circonstances de l’Histoire où des femmes, rongées par la dépression post-partum, le manque d’autonomie financière ou la honte d’être filles-mères, n’ont eu d’autre choix que ce passage radical à l’acte ou ceux où les infanticides étaient encouragés. Entremêlant les registres et la perspective intime, Pas les mères pose un regard sans concession mais nécessaire sur le continent noir de la maternité.

De Katixa Agirre, éditions Globe, traduit de l’espagnol par Lise Belperron, 224 pages.

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