3. La première fois qu’on a vu Shara Worden, à l’automne 2005, elle était déguisée en pom pom girl. Jonglait avec une guitare acoustique et un piano et faisait des pyramides humaines pendant les concerts de Sufjan Stevens. C’est sur le label du même Stevens, Asthmatic Kitty, que la globe-trotteuse plus connue sous le nom de My Brightest Diamond sort le 10 octobre All Things will unwind, ambitieux et remarquable troisième album aux arrangements dignes d’un Nick Drake.

Ce disque, Shara l’a composé pour l’ensemble yMusic. Orchestre réquisitionné plus souvent qu’à son tour par des orfèvres de la pop et du folk tels que Björk, Rufus Wainwright, Antony Hegarty et Bon Iver.

 » Ce disque a été construit pour la scène et pour des musiciens bien précis dont je voulais entendre toute l’expression du talent, ce qu’ils avaient d’unique à la trompette, la clarinette, la flûte… J’ai commencé par leur demander de me montrer tout ce qu’ils étaient les seuls à savoir faire. « 

Worden, qui a chanté dans le groupe de Laurie Anderson, bossé avec David Byrne et Fatboy Slim, sait ce que c’est de se mettre au service des autres.  » Je suis sans doute moins méchante avec mes musiciens, j’imagine… »

Le fantôme de l’opéra

Fille d’une pianiste et d’un accordéoniste évangéliste qui lui a tout de même offert, enfant, le Thriller de Michael Jackson et des singles de Joan Jett, Shara Worden vient de l’opéra qu’elle a étudié à l’université du nord Texas.  » C’est une extraordinaire forme d’expression artistique mais je suis trop rebelle sans doute pour me laisser dire ce que j’ai à faire. » A Moscou, où elle suit son mari, elle envisage ensuite la musique de manière plus personnelle, plus sérieuse aussi. Elle écrit une chanson par semaine. Trouve sa vocation.  » L’art, la littérature, sont plus présents chez les Russes que dans la culture américaine. C’est quelque chose qu’on expérimente, pas un truc qu’on regarde à la télé. »

Troisième album de la dame, All Things will unwind a été profondément marqué par Nick Drake, Tom Waits, les Violent Femmes et Roberta Flack.  » Tout particulièrement The First time ever I saw your face et sa manière de suspendre le temps. J’ai pas mal écouté Sade aussi. Son phrasé est fabuleux et elle est plus finaude qu’on le pense. Je craque encore pour la vulnérabilité et la transparence dans la voix de Beth Gibbons. »

Un autre fantôme plane sur le disque bucolique de cette petite-fille de fermier qui a grandi avec la terre et dit s’éprendre de l’inexplicable, du mystérieux et des coïncidences. Celui de Detroit. Shara Worden s’est posée il y a 2 ans dans un quartier pauvre de la ville. Par choix. Pour garder sa liberté.

 » Alors que je séchais, que j’étais prise par le temps -j’avais réservé un studio avant d’avoir terminé les chansons-, je suis allée chez un ami qui m’a raconté la ville pendant des heures. Il m’a notamment parlé de Dr Sweet qui s’est installé dans un quartier blanc et s’est fait attaquer par tous ses voisins qui ne voulaient pas de Noirs dans leurs rues l

u ALL THINGS WILL UNWIND, CHEZ ASTHMATIC KITTY. SORTIE LE 07/10.

J.B.

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