Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Nobody is perfect – Avant-premiÈre de choix: À Paris, la galerie Seine 51 prÉsente une exposition autour de photographies issues du dernier film de Jaco Van Dormael.

Par Chantal Thomine Desmazures, galerie Seine 51, 51, rue de Seine, À 75006 Paris. Du 30/01 au 28/02.

Son nom est Nobody. Il n’est donc à proprement parler personne et pourtant il n’en finit pas de faire parler de lui. Le fait est qu’avec Mr Nobody, son dernier film, Jaco Van Dormael mettra fin à 13 années de mutisme cinématographique. Il faudra encore patienter jusqu’au mois de mai – celui du Festival de Cannes – pour enfin en savoir plus sur cette pellicule parmi les plus attendues. Pour qui aime Van Dormael, le temps est long. Seulement trois longs métrages en 18 ans. On a beau taxer de productivistes les réalisateurs qui mettent un point d’honneur à livrer chaque année leur petit opus, une disette visuelle de presque 20 ans met la larme à l’£il. D’autant que si l’on avait applaudi des deux mains l’onirisme poétique de Toto le Héros, Le Huitième Jour nous avait laissé sur notre faim. Qu’en sera-t-il de Mr Nobody? On n’en sait pas grand-chose. Il s’agira d’un film futuriste dont l’action se passe en février 2092. Nemo Nobody a 120 ans, il est le doyen et le dernier mortel d’un monde radieux peuplé d’immortels. Il se remémore son destin en flash-back, celui-ci s’est joué dans une gare lorsqu’il avait 8 ans. Partir en Amérique avec sa mère ou rester en Angleterre avec son père… tel est le choix cornélien auquel il a dû faire face. Le tout pour un casting qui réunit Jared Leto, Diane Kruger et Sarah Polley.

En guise d’apéritif pour tous ceux qui n’en peuvent plus d’attendre, la galerie Seine 51, à Paris, donne à voir le travail de Chantal Thomine Desmazures qui a officié en tant que photographe de plateau sur le tournage de Mr Nobody.

Teaser de luxe

On sait combien l’exercice est difficile qui se révèle souvent tel un encéphalogramme plat. Dans le cas présent, on sent qu’une rencontre s’est opérée. Deux regards se sont croisés. Elle s’est faite sous le patronage de l’univers de Van Dormael. A propos du travail de la photographe, il a les mots justes:  » Le temps est immobile, l’instant est suspendu, comme un souvenir, une image mentale, et pourtant le mouvement est là, les personnages, les sons, presque les odeurs. (…) Elle fait voir quelque chose de particulier, quelque chose de l’ordre de l’apesanteur et de l’absence de matérialité. Cette empreinte lumineuse est la plus juste que le film ait pu trouver. » Pas de flagornerie dans ces propos, l’£il de la photographe de plateau réussit à saisir les agencements du cinéaste. A travers les petites maisons de Boitsfort ou les clichés de l’enfance, on palpe autant d’instants suspendus. Chaque image s’inscrit dans le flux narratif tout en y échappant à la manière d’un tableau. Les angles, les cadrages, la lumière, tout contribue à tracer les contours d’une fiction happée par le champ des possibles. Pas sûr qu’on tienne jusque mai.

Michel Verlinden

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