Métal Hurlant: punk is dead

Le voilà donc, ce nouveau Métal Hurlant qui faisait baver d’avance sur les réseaux tous les fans de la première heure, devenus quinquas aujourd’hui. Et de prime abord, il en jette: Ugo Bienvenu en couverture, et presque 300 pages, dont 250 de BD, avec ce qui se fait de mieux aujourd’hui en la matière: Alfred, Mathieu Bablet, Franck Biancarelli, Merwan, Lucas Varela, Fabien Velhmann, mais aussi quelques Américains comme Mark Waid et Brian Michael Bendis, ou encore l’Australienne Tommi Parrish. Le tout emballé dans une thématique « near future » sur laquelle viennent gloser des cadors comme Bilal ou Damasio… Du beau monde donc, mais un travail de marque plus que d’esprit: que ce gros mook bien rangé aux allures de digest, avec le blabla devant et les BD derrière, semble éloigné de l’esprit foutraque et punk qui prévalait à la naissance de Métal en 1975 et qui a fait la légende du magazine autant que sa perte après une aventure incroyable, longue de douze ans. Ce catalogue de la SF contemporaine -qui alternera à chaque parution, quatre fois par an, BD de création et BD vintage et/ou des récits complets du Métal originel- est au contraire la preuve par l’exemple du changement de statut et de lectorat des récits de science-fiction. Les fous furieux ont été remplacés par des gestionnaires -en l’occurence Vincent Bernière, qui avait déjà racheté et relancé Les Cahiers de la bande dessinée- qui voient dans la SF de la matière vendable et surtout exportable: l’avenir de ce nouveau Métal sera lié aux éventuelles adaptations étrangères, comme le Heavy Metal américain le fut pour le Métal Hurlant français. Un business plan plus que de la passion aveugle, qui en a déjà fait reculer certains. Ugo Bienvenu a d’ores et déjà quitté le navire, déçu par sa frilosité. Il lancera son propre Mikki Magazine d’ici la fin de l’année.

Métal Hurlant: punk is dead

Métal Hurlant n°1, trimestriel collectif, 290 pages.

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