Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Free at last – Captée en concert dans la ville d’Obama, Mavis Staples rugit des chants qui accompagnaient la lutte des droits civiques des années 60. Bouleversant.

« Live: Hope at the Hideout »

Distribué par Anti/Pias.On lui doit l’un des concerts les plus incandescents de l’année écoulée. A l’Ancienne Belgique, le 24 avril dernier, Mavis Staples était venue nous retourner le palpitant. Les docteurs lui avaient bien conseillé de reposer sa voix, d’ordinaire déjà éraillée, ce soir-là en mille morceaux, victime d’un refroidissement. Mais même diminuée, il en faut plus pour éteindre le feu qui habite le chant de Mavis Staples.

Six mois plus tard, le témoignage discographique de cette tournée est là pour le confirmer une bonne fois pour toutes. La configuration est minimale – basse, batterie, guitare, et trois choristes (dont Yvonne Staples, s£ur de Mavis) -, mais fait le maximum, provoquant souvent le frisson. Mavis Staples, elle, ne chante pas le gospel, elle l’éructe. Elle le fait rebondir et tournoyer sur les rapides déchaînés qui constituent sa voix, déchirée et déchirante. Rocailleux et abrasif, son chant ressemble en fait à du papier de verre, dont le grain décaperait les âmes les plus cyniques.

En 2007, sur l’album We’ll Never Turn Back, Ry Cooder avait poussé Mavis Staples à réenregistrer une série de protest songs des années 60. Ce sont elles qui constituent la trame du concert. Mavis Staples les connaît bien, pour les avoir vécues très concrètement. Légende de la soul, elle a subi la ségrégation raciale et pris part à la lutte pour les droits civiques, marchant aux côtés de Martin Luther King, participant à des sit-in (We Shall Not Be Moved, chante-t-elle)…

Bande-son parfaite de 2008

Quarante ans plus tard, ces chants prennent encore une autre envergure. Le présent live a été enregistré le 23 juin dernier au Hideout, club intime de Chicago. La ville natale de Mavis Staples, mais aussi le fief d’Obama. A Bruxelles, en avril, la chanteuse avouait n’avoir jamais cru pouvoir un jour voir un Noir candidat à la présidence des Etats-Unis. Aujourd’hui, Barack Obama a été élu, et les incantations de Freedom Highway ou Eyes on the Prize n’en sont que plus bouleversantes. D’une certaine manière, ce Hope at the Hideout constitue ainsi la bande-son parfaite de 2008.

 » Nous allons vous donner assez de joie, d’inspiration, et de vibrations positives pour les six prochains mois« , promet Mavis Staples au début de son concert. Pour l’avoir expérimenté, on ne peut que confirmer. Miraculeusement, la formule aujourd’hui gravée sur CD fonctionne toujours. Et quelque chose nous dit qu’on en aura encore bien besoin lors des six mois qui viennent…

www.mavisstaples.com

Laurent Hoebrechts

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