Martin John

Martin John, pauvre hère dans les métros de Londres, s’en remet tout entier à ses circuits répétitifs et à sa logique, celle qui lui fait détester les mots qui débutent par « P ». Il craint par-dessus tout que les Fouineurs (tous ces êtres inquisiteurs qui ne lui lâchent pas la grappe) ne découvrent sa vraie nature et le fassent coffrer pour récidive. Mais quel acte infâme a-t-il bien pu commettre envers des jeunes femmes? Quel rôle joue Mam, sa mère, lorsqu’elle le réprimande et craint qu’il rechute? Très singulier dans sa forme qui fait progressivement sens (flux de pensées erratiques, pages prises de TOC ou presque vidées de mots, déclarations au coude-à-coude avec des contrevérités ou des éclaircissements), Martin John demande parfois de la varappe mentale. Alors que le roman pourrait s’être acoquiné aussi bien avec Spider de Soderberg (dans sa toile nébuleuse) qu’avec Joker de Todd Philips (le lien trouble à la mère, la marginalité), il nous confronte à la poisseuse inadéquation d’un être ni chair ni poisson, paranoïaque et affabulateur, tout en nous faisant jongler avec les pièces cryptiques de son puzzle. Martin John est-il davantage victime ou prédateur? À vous de trancher, au bout de la ligne.

D’Anakana Schofield, éditions Actes Sud, traduit de l’anglais (Canada)

par Anne Rabinovitch, 368 pages.

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