Même technique, mêmes penchants autobiographiques. Et pourtant, leurs albums sont plus éloignés qu’il n’y paraît. Mais tout aussi délectables.
LES AUTEURS
On ne présente plus Marjane Satrapi. Née en 1969 dans une famille progressiste de Téhéran, elle assiste à l’avènement du régime islamique. A l’âge de 14 ans, elle est envoyée à Vienne pour fuir la guerre. Puis ce sera à nouveau l’Iran et enfin la France. D’abord Strasbourg puis Paris. En 2000, elle publie le premier tome de Persepolis.
Graphiste free-lance libanaise de 26 ans, Zeina Abirached est arrivée à Paris il y a 4 ans. Elle y a décroché un diplôme à l’Ecole nationale des arts décoratifs. Avant Le jeu des hirondelles, elle avait déjà publié deux courtes histoires chez Cambourakis ( Beyrouth Catharsis et 38, rue Youssef Semaani). Des albums à la construction audacieuse.
L’HISTOIRE
Largement biographique, les quatre tomes de la série racontent l’enfance de l’auteur, jusqu’à son arrivée en France, avec une économie de moyens et un sens poétique prodigieux. Le récit se double d’une analyse politique de la révolution et du conflit iranien. Porté à l’écran l’an passé avec l’aide de Vincent Paronnaud, Persepolis a remporté le Prix du jury au dernier festival de Cannes.
L’histoire déclinée sur un mode intimiste se déroule dans l’immeuble où l’auteur a grandi. Paradoxalement, le souvenir de cette nuit d’angoisse est teinté d’une certaine nostalgie. La guerre n’est pas évincée, elle est même le moteur de l’action, mais elle n’empêche pas l’humour et une certaine légèreté. On est donc très loin de l’épopée au long cours de Marjane Satrapi.
LE GRAPHISME
On pensait le dessin de Marjane Satrapi unique jusqu’à ce qu’on découvre Zeina Abirached. A bien y regarder pourtant, les deux styles se distinguent. Celui de l’Iranienne est plus brut, moins travaillé. Fortement influencée par celui qui lui a inoculé le virus de la BD, David. B., elle découpe aussi son récit en petites cases nerveuses et accorde une place importante au texte, aiguillon de son récit.
Zeina Abirached est graphiste et ça se voit. Elle soigne ses effets visuels et n’hésite pas à occuper tout l’espace ni à parsemer le récit d’onomatopées. Chez elle, les images – superbes – sont aussi importantes que le texte, d’ailleurs réduit à sa plus simple expression. En dépit d’une même rondeur dans le trait, la ressemblance avec sa cons£ur n’est donc pas aussi marquée qu’on pourrait le penser.
L. R
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