Born to Kill – Platinum Games s’attaque à l’univers de la real TV sanglante sur fond de claque graphique sans précédent. Le milieu du beat them all s’incline.

Édité par Sega et développé par Platinum Games, âge 18+, disponible sur Nintendo Wii.

Des traits comics brouillons de Viewtiful Joe aux aplats de couleur psychés de Killer7 en passant par le style estampe japonaise d’ Okami, les projets majeurs de Clover Studio ont redéfini, dans une approche inédite, les codes esthétiques des jeux vidéo ces dernières années. Pas d’effets 3D spectaculaires ici, mais une créativité vidéoludique transversale jubilatoire, nourrie de contre et de sous-culture. Parfois aussi de traditions. Nouvellement regroupés au sein de Platinum Games, les ex-créateurs de Clover Studio livrent à nouveau avec MadWorld un beat them all de genre. Radical graphiquement, ultra violent et cynique.

Excepté Vib Ribbon, aucune production vidéoludique 3D pour consoles mainstream n’avait jusqu’ici osé le noir et blanc. Même s’il s’en défend, Shigenori Nishikawa, le game designer de MadWorld cache pourtant dans sa bibliothèque des illustrés de Frank Miller et de Mike Mignola. Car Sin City et Hellboy influencent respectivement les décors et le personnage de MadWorld. Ce comic book animé et interactif ne reste toutefois pas bicolore. Et se teint plus ou moins fortement de rouge sang (et d’un peu de jaune) selon la créativité meurtrière du joueur. Car ici, l’hémoglobine jaillit d’ennemis fontaines par hectolitres, façon Kill Bill.

the Show must go on

Ames sensibles s’abstenir donc. L’antihéros de MadWorld se retrouve coincé dans Death Watch, un show de télé réalité trash planté dans un huis clos urbain, où seul le spectacle compte. Développant avec plus de fun et de mordant l’idée que Rockstar avait déjà approchée dans Manhunt, le dernier rejeton des créateurs du poétique Okami réclame, assoiffé, sa part d’assassinats ingénieux. Son gameplay ne demande donc pas d’éliminer un nombre défini d’adversaires pour terminer une des arènes, mais bien d’enchaîner des combos hyper sanglants pour marquer des points.

Au-delà de son bras tronçonneuse typé Evil Dead (tranchant les ennemis comme du beurre), le joueur peut (doit) avoir recours à diverses techniques pour progresser. Il saisit par exemple un punk ou un freak pour le saucissonner avec un pneu. Après avoir arraché un panneau de signalisation, il le plante dans sa tête pour ensuite le projeter sur un mur hérissé de pics. Bidon, container « mâchoire », pieu d’empalement, murs électriques, scie circulaire géante… les outils et les combinaisons foisonnent. Les occasions de constater que le titre transpire également le second degré.

Ainsi, la présence parmi les items d’une valise à billets de banque témoigne de l’approche irrévérencieuse de ce massacre pour adultes consentants. En l’éclatant à terre, les ennemis s’y précipitent. Pratique pour un massacre groupé. Au fil de sa ballade sanglante orchestrée à la Wiimote et au Nunchuck (avec parfois des gestes mimes haletant pour certains coups), deux présentateurs invisibles inondent les combats de commentaires parfaitement stupides. Paradoxalement, leurs blagues scatologiques et sexuellement connotées tempèrent la violence du jeu. Comme les commentaires exagérés du catch de la WWE sur AB3.

Personnage récurrent présentant des mini jeux arcade où il faut tuer un maximum en un minimum de temps, le Baron Noir dédramatise aussi MadWorld. Ce mac black expliquant les règles du lancer d’ennemis (sur réacteur d’avion, trains à grande vitesse, presse hydraulique édentée ou jeu de fléchettes humaines géantes) se fait toujours assassiner à la fin de son speech… pour revenir, comme le Kenny de South Park, l’épisode suivant. Malgré une certaine répétitivité des combats, MadWorld pète donc le feu. Son gameplay tapageur, arcade, ultra violent et drôle impressionnera les amateurs de jeux de genre sur Wii, qui en manque depuis No More Heroes. Mais sont-ils nombreux?

Michi-Hiro Tamaï

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