Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

21.40 LA DEUX

UNE SÉRIE AMC. AVEC JON HAMM, ELISABETH MOSS, VINCENT KARTHEISER.

Classe, la série. Elle croule sous les récompenses, vient de remporter le Golden Globe 2009 de la meilleure série dramatique, qu’elle peut afficher sur sa cheminée à côté des Golden Globe et Emmy Award 2008 de la même catégorie. Mais son trophée le plus jouissif, ce sont les Simpson qui le lui ont offert en octobre, dans une parodie de générique savoureuse. Alors que Mad Men s’ouvre sur la chute stylisée d’un homme le long de grattes-ciels new-yorkais ornés de messages publicitaires des sixties (pin-ups, rebelles à moto…), Homer Simpson, lui, tombe devant des photos de famille, mais aussi de bières et de téléviseurs. Un hommage qui démontre bien qu’il faut désormais compter avec la création de la petite chaîne américaine AMC (qui ne diffusait initialement que des vieux films). Pourtant, ses audiences sont loin d’être renversantes: elles oscillent entre un et deux millions de téléspectateurs par épisode. Non, plus qu’un succès public, Mad Men, c’est surtout une incroyable adhésion de la critique. Du New York Times, à Entertainment Weekly en passant par le Washington Post, tous les médias ont immédiatement embarqué dans le trip rétro proposé par la série.

CYNIQUE

Les Mad Men sont les publicitaires aux dents longues de Madison Avenue. Le théâtre de leurs grandeurs et décadences est l’agence de pub Sterling Cooper. La meilleure. Et le meilleur de la meilleur, c’est Don Draper, directeur créatif à qui rien ni personne ne résiste. As de la formule, roi des coups d’un soir, Draper navigue à vue, tant dans l’univers de requins de la pub que dans les troubles eaux de sa vie privée. Mad Men, à travers les tribulations de ce personnage et de ceux qui l’entourent, ne raconte rien d’autre que des années-charnières de la société américaine, et plus largement, du monde. C’était au temps où Manhattan fumait, buvait, couchait… Au temps où le droit de cuissage faisait partie de toute carrière, et où il était permis d’être ouvertement antisémite. Une fresque cynique, qui ne verse toutefois pas dans le trash, de toute beauté, rigoureuse dans ses reconsitutions. Mais elle a récemment été élue « Meilleure série télé qu’on ne regarde pas » par le magazine TV Guide, qui résume ainsi le plus gros problème de Mad Men. Sans vraie intrigue, difficile d’accrocher, de tomber dans l’addiction et de prendre rendez-vous avec le canapé chaque semaine.

Myriam Leroy

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