Y’A PAS QUE MARVEL DANS LA VIE, NI DANS LE COMICS, FÛT-IL CONTEMPORAIN ET DE DIVERTISSEMENT. LE MARCHÉ EUROPÉEN OUVRE DÉSORMAIS GRAND SES PORTES À CETTE BD AMÉRICAINENI TOUT À FAIT BLOCKBUSTERNI COMPLÈTEMENT INDÉ.

Vue d’Europe, la bande dessinée américaine n’est plus ce qu’elle était. Mais elle devient, enfin et en fait, ce qu’elle a toujours été. Autrement dit: il aura fallu des décennies d’édition pour que le comics tel qu’il existe sur le marché européen ressemble enfin à ce qu’il est vraiment dans son marché d’origine: une bande dessinée aux contours extrêmement larges, et finalement assez éloignés des deux extrêmes que l’on connaissait jusqu’ici en français dans le texte -soit du super-héros à la Marvel ou DC, fabriqué à la tonne, sous licences et extrêmement codé, soit de la BD indé, adulte et alternative à la Chris Ware ou Craig Thompson. Entre les deux, il y avait un monde, que les éditeurs francophones et en tout cas français osent désormais proposer sans attendre la patine de l’Histoire ou le boost des sorties ciné. La niche éditoriale des comics l’est ainsi de moins en moins -la BD US s’octroie désormais près de 10 % de parts de marché- et si des collections comme Urban Comics chez Dargaud se concentrent toujours sur l’édition « luxe » de classiques de DC, ces derniers auront été marqués par de nombreuses sorties « originales » et quasiment édités en même temps des deux côtés de l’Atlantique. Des BD de genre, de pur divertissement mais aussi de création et qui montrent à quel point la BD américaine vit aujourd’hui un nouveau souffle et de nouvelles tendances, elle-même nourries à l’international.

Nouvelles séries

Les éditeurs français Delcourt et Glénat (lire ci-contre) se montrent particulièrement actifs dans le registre des comics, avec des collections déjà anciennes (Contrebande) ou au contraire toutes fraîches (Comics Glénat) qui leur sont vouées, et des sorties qui mériteraient de faire de l’ombre à d’autres. Ainsi le début prometteur de trois nouvelles séries chez Delcourt, Outcast, Nowhere Men et Nobody Owens, toutes très différentes mais qui renouvellent, chacune à sa manière, considérablement le(s) genre(s) dans leur forme et leur fond. S’il est toujours question de super- pouvoirs, thème qui reste l’alpha et l’oméga du comics de divertissement, ceux-ci se passent désormais de costumes en latex et prennent d’autres formes: scientifique dans Nowhere Men (récit de quatre grosses têtes qui paieront le prix du progrès, malgré leur devise affirmant que « la science est le nouveau rock’n’roll« ), démoniaque dans Outcast (l’histoire de Kyle Barnes, exorciste malgré lui et tourmenté par des démons) et poétique dans Nobody Owens (petit garçon normal s’il ne vivait dans un cimetière élevé par des fantômes). Trois débuts de séries très prometteurs, très modernes dans le trait, le graphisme ou le découpage, et influencées par ce qui se fait, en Europe, au Japon ou ailleurs. Mais dans le même temps.

TEXTE Olivier Van Vaerenbergh

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