L’homme est un dieu en ruine

De Kate Atkinson, éditions. JC Lattès, traduit de l’anglais par Sophie Aslanides, 522 pages.

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Une vie après l’autre relatait les deux immenses tragédies de la première partie du siècle dernier à travers les vies successives et potentielles du personnage d’Ursula. L’homme est un dieu en ruine s’imagine comme sa suite. L’histoire, la vie plutôt, de Teddy, frère d’Ursula, pilote anglais de bombardier qui -entre passé, présent, et futur mouvant- se souvient de son enfance, de son épouse disparue, et de sa guerre menée héroïquement, mais discrètement tue ensuite… Une fois encore, Kate Atkinson signe un roman vertigineux (et pas seulement parce qu’il se passe parfois à 5000 mètres d’altitude) qui évoque l’impact indélébile de la guerre sur ceux qui l’ont vécue et surtout livrée. Un roman qui met en exergue la puissance de la fiction, sa capacité à s’insinuer dans les interstices, les jointures invisibles du réel et du souvenir des faits historiques. L’auteur britannique signe de sa plume précise et pourtant déliée, et selon une mécanique parfaite, des pages hallucinantes, des images saisissantes du conflit aérien et notamment des missions de bombardements alliés sur l’Allemagne. De cette vision d’un monde en ruines (dans ses sources Atkinson cite De la destruction de W.G. Sebald), la romancière, qui évoque souvent les oiseaux, imagine ce phénix renaissant de la cendre pour créer tout un univers palpitant de vie. Si l’homme est un dieu en ruine, Kate Atkinson est son démiurge.

B.R.

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