Il a encore tourné le film le plus cher de l’Histoire du cinéma! Portrait film par film d’un talentueux récidiviste, à l’heure où sort le très attendu Avatar.

C’est une drôle d’histoire, qui commence avec des piranhas volants et culmine dans le naufrage d’un paquebot. Une drôle de success story, vécue par un cinéaste surdoué, amoureux du film de genre et auquel la science-fiction a donné sa chance. James Cameron est ce grand blond barbu, né au Canada voici 55 ans, et qui a signé avec Titanic le plus grand succès cinématographique de tous les temps. Un réalisateur ambitieux et de grand talent, créateur d’une saga de SF majeure (celle de Terminator) qui le fit passer des films à budget modeste aux méga productions sans y perdre son âme ou sa créativité. Un serial marieur (5 mariages et 4 divorces à ce jour!) qui s’est tu pendant plus d’une dizaine d’années, et dont le nouveau film fait logiquement l’objet des plus folles attentes. Avec son budget suspecté d’atteindre les 500 millions de dollars au total, Avatar nous refait le coup du film le plus cher de l’Histoire. Et comme avant la sortie de Titanic, d’aucuns prédisent un fiasco retentissant. Cameron clouera-t-il une nouvelle fois le bec à ses détracteurs en comblant les spectateurs? Ou se plantera-t-il dans les grandes largeurs? Le suspense est intense. Comme le fut la trajectoire d’un cinéaste vraiment pas comme les autres…

Piranha Part Two: The Spawning(1981)

James Cameron a 26 ans. Diplômé de physique de la California State University, le natif de l’Ontario voit ses rêves de cinéma prendre forme. Son premier court métrage, Xenogenesis, attire l’attention, et son talent pour les effets spéciaux lui vaut un engagement dans la compagnie de Roger Corman, New World Pictures. Corman a déjà révélé plein de « petits jeunes » dont Peter Bogdanovich, Francis Ford Coppola, John Sayles et Joe Dante. Ce dernier ayant réalisé un film d’horreur à petit budget bien sanglant, Piranha, en 1978, c’est Cameron qui se voit offrir d’en diriger la suite. Tourné à la Jamaïque, Piranha Part Two: TheSpawning agite la menace de poissons carnivores, agressifs et… capables de voler! Le producteur Ovidio G. Assonitis frustrera le néophyte du contrôle de son premier long métrage, James Cameron reniant une bande horrifique sortie avec un montage inacceptable pour lui. Il existe un « director’s cut » sur cet excellent support malheureusement abandonné: le laser disc.

The Terminator(1984)

L’expérience désastreuse de son film inaugural, Cameron va l’oublier en écrivant le premier scénario de Rambo: First Blood Part 2 pour Sylvester Stallone. Il va pouvoir ensuite réaliser lui-même un autre de ses scripts, une histoire de science-fiction originale et violente intitulée The Terminator. Six millions de dollars (près de 100 fois moins que le budget présumé d’ Avatar!) lui suffiront pour réussir un des films de genre les plus percutants des années 80. Et de confirmer le statut de vedette du culturiste autrichien Arnold Schwarzenegger, révélé un peu plus tôt par Conan The Barbarian. Avec plus de 80 millions de dollars de recette, et une réplique entrée directement dans le langage populaire ( « I’ll be back »), The Terminator fait monter en flèche la cote de James Cameron. Il nourrira aussi copieusement sa vie sentimentale, puisqu’il épousera plus tard sa productrice Gale Ann Hurd (en 1989) et l’actrice jouant Sarah Connor, Linda Hamilton (en 1997)…

Aliens(1986)

Quitte à se repayer une suite, celle d’ Alien, le sommet de SF horrifique de Ridley Scott, était un meilleur placement que celui de Piranha… Cameron se voit d’abord confier la tâche d’écrire le script, avant que le succès de The Terminator donne aux producteurs la très bonne idée de lui demander d’aussi réaliser le film. Le tournage sera difficile, les relations entre metteur en scène et techniciens se gâtant rapidement. Cameron ira jusqu’à faire virer le directeur de la photographie, achevant le film en assumant ce poste. Certains membres de l’équipe se feront imprimer un t-shirt resté célèbre et affichant le texte suivant: « Je peux tout supporter: j’ai travaillé avec James Cameron »… Mais le film est une réussite, valant 7 nominations aux Oscars et 2 statuettes (meilleur mixage et meilleurs effets spéciaux visuels). Pour l’anecdote, on chuchote que, Sigourney Weaver exigeant un cachet mirobolant et les négociations traînant en longueur, le cinéaste lança la rumeur selon laquelle il écrivait une nouvelle version du script sans le personnage de Ripley. Une man£uvre se révélant rapidement efficace…

The Abyss(1989)

Grand admirateur de Howard Hawks, Cameron signe un film profondément « hawksien » avec ce formidable spectacle d’aventures marines mâtiné de science-fiction. Le succès d’ Aliens lui a donné les coudées franches pour entreprendre cette £uvre ambitieuse. Tourné dans un silo nucléaire en construction rempli par 26 000 mètres cubes d’eau, le film bénéficie d’une nouvelle technologie de prises de vues sous-marines mise au point par le cinéaste et son frère Mike. Sous l’eau, et sous les ordres d’un Cameron habité, exigeant, les acteurs souffrent. Ed Harris aura des défaillances, et Mary Elizabeth Mastrantonio s’en ira avant la fin du tournage… Une tiède réception critique et un succès mitigé accueilleront ce qui est pourtant un maître film.

Terminator 2: Judgment Day (1991)

Pour la troisième fois (en 5 films!), Cameron prouve qu’il a de la « suite » dans les idées. Disposant pour la première fois d’un budget de 100 millions de dollars, et usant du dernier cri de la technologie digitale, il retrouve le futur gouverneur de Californie pour une aventure de SF et d’action menée à toute allure. Les producteurs font plus que quintupler leur mise. Le groupe rock Guns’N’Roses participe à la fête avec sa chanson du générique, et Schwarzie, incarnant cette fois un Terminator… sympathique, perce un plafond de popularité. Pour la première fois, les images de synthèse sont une attraction à part entière, annonçant la vague digitale à venir…

True Lies(1994)

Arnold Schwarzenegger est redescendu sur terre avec le flop cinglant de Last Action Hero. Il se tourne logiquement vers son complice Cameron pour se refaire une santé. Les deux hommes pensent à adapter Spiderman, avec Schwarzie dans le rôle du méchant, mais le projet fait long feu. De manière surprenante, le tandem se lance alors dans l’adaptation d’un film français comique de… Claude Zidi et avec Thierry Lhermitte, La Totale! Divertissement léger, film mineur dans sa filmographie, True Lies offre une vitrine à la société d’effets spéciaux numériques créée par Cameron (Digital Domain), mais laisse le réalisateur quelque peu frustré…

Titanic (1997)

Revenant sur l’abondante documentation sur le naufrage du Titanic accumulée au moment de The Abyss, le cinéaste se persuade qu’il tient là le sujet d’un défi à la hauteur de ses (grandes) ambitions. Il en persuade aussi la Fox et la Paramount, 2 studios concurrents mais alliés pour l’occasion et qui vont voir le coût du film grimper inexorablement vers les 200 millions de dollars, un record pour l’époque. On connaît la suite, et ces chiffres très impressionnants: 11 Oscars, près de 2 milliards de dollars de recettes! C’est le plus grand succès de toute l’Histoire du cinéma, et James Cameron peut se dire « roi du monde », comme le hurle le charismatique Leonardo DiCaprio dans une scène célèbre du film. Il lui faudra 12 ans pour revenir dans l’arène avec un long métrage, qui est à son tour (c’est bien la moindre des choses) le film le plus cher jamais réalisé.

Voir la critique d ‘Avatar en page 32.

Texte Louis Danvers

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