De Home au Syndrome du Titanic en passant par An Inconvenient Truth,Nos enfants nous accuseront, We Feed the World, et beaucoup d’autres encore, jamais la cause environnementale n’avait-elle déferlé sur nos écrans avec une telle opiniâtreté – à la mesure, naturellement, de l’urgence d’une situation que tous, pour autant, n’embrassent pas avec une égale vista, ni d’ailleurs toute la rigueur requise.

Ce constat posé, le cinéma n’a pas attendu la récente vague documentaire pour s’intéresser à l’écologie, envisagée au sens large toutefois. Le concept de la Terre, paradis originel menacé par la civilisation a ainsi irrigué les productions les plus diverses, parmi lesquelles d’authentiques chefs-d’£uvre – ne figure-t-il pas, par exemple, en filigrane du Tabu de Murnau et Flaherty? Le film d’aventures confrontera lui aussi un univers présumé vierge aux affres de la civilisation. Le fabuleux King Kong de Cooper et Schoedsack en est l’un des exemples les plus limpides, qui oppose littéralement les deux mondes; il engendrera une descendance diverse et nombreuse – jusqu’à John Boorman qui, tant dans Deliverance que dans The Emerald Forest, interrogera brillamment le rapport ambivalent entre nature et civilisation… Contemporain de King Kong, un Tarzan navigue pour sa part dans des eaux voisines, lui qui se pose en défenseur de la forêt et de ceux qui la peuplent contre les agresseurs de tout poil – si bien que l’on a pu voir dans le héros imaginé par Edgar Rice Burroughs un défenseur avant l’heure de l’environnement. De manière diffuse – combien de films encore n’ont-ils pas célébré la mère Nature, entre Dances with Wolves de Kevin Costner et Into the Wild de Sean Penn? – ou explicite – The Milagro Beanfield War de Robert Redford, par exemple-, l’écologie a régulièrement inspiré un pan non négligeable de la production. A cet égard, la science-fiction n’a pas attendu les développements les plus alarmistes (lesquels ont nourri divers scénarios catastrophes, à l’image du Day After Tomorrow de Roland Emmerich) pour faire son miel de l’extinction de nos ressources naturelles ou de la végétation – au c£ur, par exemple, du Soylent Green de Richard Fleischer, comme du Silent Running de Douglas Trumbull, sortis tous deux au début des années 70.

Dix ans plus tard, c’est au tour de Geoffrey Reggio de s’emparer de la question environnementale à la faveur du lumineux Koyaanisqatsi, premier documentaire d’une trilogie qui ausculte, sur un mode visuellement saisissant, les enjeux majeurs du monde contemporain. Depuis, le cinéma a embrassé compulsivement la cause écologique, mise aux sauces les plus diverses: du documentaire au film d’animation – les trésors japonais signés Miyazaki ou Takahata, façon Princesse Mononoké, Pompoko et autre Ponyo, mais aussi le mémorable Wall-E, des studios Pixar -; de la comédie engagée ( La très très grande entreprise de Pierre Jolivet) au voyage initiatique post-apocalyptique ( The Road de John Hillcoat). James Bond lui-même n’a pu se soustraire aux enjeux écologiques, au c£ur de Quantum of Solace – la survie de 007 était sans doute à ce prix…

J.F.PL.

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