Le Supercontinent

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S’il est une chose que les auteurs anglo-saxons font mieux que quiconque, c’est raconter des histoires. Pas des petites anecdotes amusantes ou édifiantes, non: des histoires avec un « h » majuscule, où le moindre détail aperçu du coin de l’oeil renvoie aussitôt à un paysage épique, qui n’a pas peur de tutoyer les plus vastes intervalles temporels, les plus longues distances géographiques. Cet art de raconter, Tim Flannery, connu dans le monde de la recherche pour ses travaux de paléontologie (il a découvert, à lui tout seul, 30 espèces différentes de mammifères), le maîtrise comme personne -ainsi qu’il l’avait déjà prouvé dans Les Faiseurs de pluie (Le Seuil, 2007), Au plus secret des îles (Noir et Blanc, 2015) ou Sauver le climat (Buchet-Chastel, 2015). Mais rien n’avait préparé au récit que constitue Le Supercontinent: pas moins que l’histoire complète du continent européen vu depuis le point de vue de la terre, des plantes, des animaux et des rochers qui l’ont peuplé et le peuplent encore. Commençant il y a cent millions d’années et s’achevant au moment où Flannery mettait le point final à son livre, c’est un vertigineux voyage où se mêlent géologie, botanique, zoologie, archéologie et, bien sûr, paléontologie. Un voyage loin de l’espace rassurant des bibliothèques et des textes, à la recherche des traces que le monde naturel nous a laissées de ses métamorphoses. Si les êtres humains finissent par y faire une petite apparition, ce sont les autres créatures qui y tiennent la place principale, restaurant ainsi l’équilibre que l’Histoire répétée de l’espèce humaine avait recouvert. C’est bien entendu plus que savant, mais c’est aussi modeste, profond, inattendu, parfois drôle, parfois tragique, et surtout, surtout, ça donne à voir la planète dont nous avons hérité sous une lumière aussi inédite qu’inouïe. À l’heure des discours sur l’Europe fleurant bon l’humanisme de placard, il était temps qu’on rappelle ce que le  » supercontinent  » est vraiment.

Le Supercontinent

De Tim Flannery, éditions Flammarion, traduit de l’anglais par Sophie Lem, 416 pages.

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